surgeetambula Marc KOLANI

DIMANCHE, 25 NOVEMBRE 2012, FETE DU CHRIST, ROI DE L’UNIVERS

DIMANCHE, 25 NOVEMBRE 2012,

FETE DU CHRIST, ROI DE L’UNIVERS


Textes liturgiques : Première lecture : Dn7, 13-14 ; Graduel : Ps 92 ; Deuxième lecture : Ap1, 5-8 ; Evangile : Jn18, 33b-37


« Ton royaume n’est pas de ce monde, Seigneur Jésus, puisque tu portes le monde sur tes épaules comme un berger, sa brebis perdue ». Extrait de l’hymne des laudes de la solennité du Christ, Roi de l’univers.

 

Lisez cette histoire : El rey orgulloso

Il s’agit d’un roi qui vivait dans l’opulence, qui passait sa vie à organiser des banquets, à manger, à boire, à aller avec les plus belles femmes de son royaume, et qui adorait se laver à la piscine en plein midi. Surtout, il était tellement orgueilleux qu’il se faisant passer pour le tout puissant et le plus sage de toute l’humanité. Cette conscience l’amena à n’avoir aucun égard pour Dieu et à mépriser des hommes. Ses sujets en vinrent à l’appeler « El rey orgulloso », c’est-à- dire le roi orgueilleux. Dans son empire vivait un fou, appelé Muzi el Grande. Un jour d’été, alors que le soleil était au zénith, après un bon repas chaud, le roi ne tarda pas à faire un tour à la piscine. Comme le bon sens le recommande, il enleva ses parures royales, se jeta à l’eau pour se rafraîchir le corps. Muzi el Grande rôdait dans les environs. Profitant de l’absence du roi, le fou s’empara des vêtements royaux, se les enfila et se mit à interpeller l’autre : « He ! amigo, mira, soy el rey !» pour dire «  ami, regarde, je suis le roi ».  Le "sage" remonta de l’eau. Le fou lui tourna le talon et huila le pied. Le roi, en tenue d’Adam, se mit à poursuivre le fou à travers le quartier administratif. Imaginez la suite de cette belle histoire d’un roi à la fois sage et tout puissant. Il paraît que les gardes du corps se saisirent d’El rey orgulloso, l’enchaînèrent et le jetèrent à la geôle. Muzi el Grande siégea sur le trône royal, pour le temps qu’on s’aperçoive que c’est le vrai roi qui a été incarcéré.

C’est ainsi que se comportent beaucoup de rois, de souverains, de "dirigeants" de ce monde. Ils prétendent être sages et puissants alors qu’ils ne sont pas à même de gérer des situations banales.

Chers amis, nous voici à la charnière de deux années liturgiques : l’année B s’en va avec les extraits de l’Evangile selon saint Marc, et à la Christ, Roi de l’univers que nous célébrons aujourd’hui, succédera l’année C dont les textes évangéliques seront extraits de saint Luc. N’oublions pas de faire le bilan de notre relation avec Dieu et avec nos frères et de prendre de nouvelles résolutions pour la nouvelle année.

Quant à l’historique de la fête du jour, retenons qu’elle a été instituée par le pape Pie XI pour combattre cette hérésie appelée « laïcisme » qui prétend si bien séparer le domaine temporel du domaine spirituel. Parlons plutôt de la royauté de Jésus. A la lumière des textes du jour, que recouvre exactement la fête du Christ-Roi?

 

Trois portraits, trois rois, trois royaumes, trois manières de régner.

Lorsque Jean écrivait son Evangile, il avait à l'esprit trois sens de la royauté.

Portrait 1 : « Ceux qu’on regarde comme les chefs des Nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination » (Mc 10,42). Ce sont des tyrans dont les royaumes peuvent avoir plusieurs couleurs : la politique, la richesse et le plaisir. Ils dominent les pauvres, les petits et même tout le peuple en l’asservissant.    

 Portrait 2 : Les Juifs attendaient le Messie pour qu’il prenne leur revanche et les libère de leurs ennemis et rétablisse la royauté en Israël. Il s’agit ici du Roi-Messie, descendant du roi David qui écrase et domine tout le monde en faveur des Juifs.

Portrait 3 : le royaume de Jésus, Fils de Dieu. C’est de ce royaume qu’il est aujourd’hui question. Ce Royaume n’est pas à l’image des organisations politiques, où tout le monde est contraint au service d’un seul, où le pouvoir de l’un signifie l’humiliation ou la soumission des autres, où un peuple élu ou une race "pure" écrase et anéantit tous les autres. Dans ce Royaume, c’est le serviteur qui règne, et sa loi est celle d’un service mutuel, pour la construction de la fraternité.

 

Qu’est-ce qui légitime la royauté de Jésus ?

Jésus est Roi à plus d'un titre:

Premièrement, Jésus est Dieu comme le dit saint Jean : « au commencement, …. le Verbe était Dieu » (Cf. Jn 1,1). Dieu étant le Créateur de tout ce qui existe « Tout fut par lui et rien de ce qui fut, ne fut sans lui » (Jn 1,3), tout lui est nécessairement soumis. La divinité de Jésus légitime donc sa royauté.

Deuxièmement, Jésus est roi à cause de la noblesse incomparable de sa nature humaine. En effet, sa nature divine s’est unie à la nature humaine et lui a conféré une dignité royale. C’est à ce : « Fils d’homme », venant sur les nuées du ciel, que « furent données domination, gloire et royauté » et c’est lui que tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues servirent » comme le dit le prophète Daniel dans la première lecture. Le psaume responsorial, pour sa part, rend témoignage à la Royauté de Jésus : « Le Seigneur est Roi, […] dès l’origine Ton trône tient bon ».

Troisièmement, Jésus est Roi par droit de conquête. En effet, Il a, au moyen de sa croix et du témoignage qu’il a ainsi rendu à la Vérité, vaincu le Prince de ce monde qui tenait l’humanité entière captive de ses mensonges et esclave de l’ignorance. « Je suis roi, dit-il, et  je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la Vérité. Tout homme qui appartient à la Vérité écoute ma voix ». Jn 18,37.

 

Comment s’exerce le pouvoir de Jésus ?

Jésus possède les trois pouvoirs classiques que nous connaissons en démocratie : le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Mais, comment en fait-il usage ?

Pouvoir législatif : Jésus est législateur par le Décalogue donné autrefois à Moïse par son Père avec qui il est Un et par le double commandement de l’Amour qui nous enjoint d’aimer Dieu par-dessus tout et d’aimer nos prochains comme nous-même.

Pouvoir judiciaire : Il est juge aussi bien dans l’ordre naturel que dans le surnaturel. « Le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils le jugement tout entier » (Jn 5,22).

Pouvoir exécutif : Jésus exerce enfin son pouvoir exécutif dans les deux ordres, naturel et surnaturel. Ici, il agit par sa divine Providence dont la sollicitude embrasse aussi bien les plus grands événements de l’histoire que les plus infimes. Là, c’est par sa grâce, les sacrements, et l’exécution des sentences judiciaires qu’émet son Église que s’accomplit le pouvoir exécutif : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au Ciel » (Mt 18,18).

 

« Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36).

Dans le procès de Jésus, on peut bien se rendre compte que Pilate n’a pas la même conception que Jésus du titre de roi. Pour Pilate, un roi c'est quelqu'un qui a l'autorité sur tous ses sujets. Pour Jésus, c'est le représentant de Dieu auprès de son peuple. Il est là pour guider son peuple car Dieu seul est roi. Jésus est un roi "Berger de toute humanité". Il porte sur chacun un regard rempli de sa tendresse et de son amour. Son Royaume passe d'abord par une véritable transfiguration de tous ceux qui désirent y entrer. Et si Jésus répond à Pilate que sa royauté n’est pas de ce monde, cela ne signifie pas que Jésus n’exerce pas sa royauté en ce monde, mais que cette dernière est d’origine divine et qu’en conséquence nul ne peut la lui ravir. C’est pourquoi il n’a nul besoin que des gardes se battent pour lui. Par contre, il a besoin que nos intelligences s’ouvrent à son témoignage. La royauté et le message du Christ sont vraiment universels ; ils engagent tout homme, au-delà des différences raciales, culturelles, politiques, car ils portent sur notre commune appartenance à la maison du Père. Aussi, « Quiconque est de la vérité écoute (sa) voix ». Sa royauté et la « domination éternelle » (voir la première lecture) qui en découle, sont celles de l’amour miséricordieux qui, du haut de la Croix attire à son Cœur « doux et humble » (Mt 11,29) tous « les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52), sans même exclure « ceux qui l’ont transpercé » comme le souligne la deuxième lecture.

 

Quel impact sur notre vie chrétienne ?

Notre Seigneur résume tous les motifs de son incarnation dans cette seule finalité :    « Rendre témoignage à la vérité ». Il est frappant de constater l’insistance du Maître sur ce point : la vérité est toujours évoquée en premier. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » : pour accéder à la vie, il nous faut auparavant accepter de faire la vérité, en nous exposant au glaive à double tranchant de la Parole, qui juge les pensées secrètes de nos cœurs rebelles.

En cette année dédiée à la foi, si nous voulons que Dieu règne sur nous, nous devons écouter et mettre en pratique les appels à la conversion qu'il nous adresse. Nous devons croire, avec une complète soumission, d’une adhésion ferme et constante, les vérités que Jésus nous a révélées et que l’Église enseigne en son nom.  Il faut que Jésus règne sur nos volontés, alors nous accomplirons les commandements de Dieu. Il faut que Jésus règne sur nos cœurs, afin que nous sacrifions nos affections naturelles et aimions Dieu par-dessus toutes choses, nous attachant à lui seul. Il faut qu’Il règne sur nos corps, qui serviront ainsi d’instruments de justice au service de Dieu et de la sanctification de nos âmes.

 

Prions :

Seigneur Jésus, ton royaume n’est pas de ce monde ; tu n’as point de sceptre par quoi tu domines sinon ta croix ; tu nous offres ta vie en échange de notre mort. Nous t’en remercions. Fais-nous la grâce d’aimer la Vérité, car tu t’y identifies ; fais-nous la grâce de toujours écouter ta voix, car elle est porteuse du Salut ; ainsi saurons-nous conformer notre vie personnelle, familiale, professionnelle, sociale à ta sainte volonté ; ainsi aurons-nous part à ton Royaume de miséricorde où dans la joie, nous te chanterons éternellement.  Amen !

                                                     Christ, Roi ! Christ, Roi ! Christ, Victoire !

                                               Bonne fête à tous et à chacun et bon dimanche !

                                                                                                 Abbé Marc Boima KOLANI.

 



23/11/2012
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