surgeetambula Marc KOLANI

2ème texte des scrutins

4ème dimanche du temps du carême, année C.

Ce dimanche, le 4ème du temps du carême, est appelé dimanche de la joie comme Isaïe nous y invite à travers l’antienne d’ouverture : "Réjouissez vous avec Jérusalem. Exultez avec elle vous tous qui l'aimez. Avec elle, soyez dans l'allégresse, vous tous qui portiez son deuil." C’est à cette joie que les textes de ce jour nous conduisent, chacun avec un thème spécifique. En effet, Ils nous parlent de la libération (Jos 5, 10- 12), la réconciliation (2Cor 5, 17- 21) et du passage des ténèbres à la lumière (Jn 9, 1-41). Le texte évangélique que nous venons d’écouter n’est pas de l’année liturgique C, mais de l’année A. Normalement, il est prévu aujourd’hui  l’Evangile de l’enfant prodigue. Nous avons plutôt pris celui de l’Aveugle-né dans le cadre de la célébration des scrutins. Quel est l’intérêt de cet Evangile, et comment nous rejoint-il aujourd’hui ?

Les personnages: Les différents personnages de cet Evangile sont comme de prisonniers auxquels Jésus seul peut apporter la libération. L’aveugle-né est un homme prisonnier de son infirmité, enfermé dans sa nuit physique, et peut-être aussi dans une nuit morale due à son épreuve. Les disciples de Jésus : prisonniers eux aussi de leur jugement erroné, de leurs explications simplistes. Les parents de l’aveugle : également prisonniers mais cette fois de la peur. Les pharisiens : prisonniers de leur orgueil, de leur certitude d’avoir un jugement parfaitement éclairé. Enfin et surtout, Jésus protagoniste de cette scène. Il s’y révèle comme celui qui vient faire craquer toutes ces prisons humaines, comme surtout celui qui conduit à la lumière de la foi qui est la Vérité ultime. C’est pourquoi, il prend le devant des événements.

Dieu prend l’initiative et demande la collaboration de l’homme : l’un des détails frappants dans cet Evangile, est que c’est Jésus qui prend l’initiative mais qui appelle la coopération de l’aveugle à sa guérison. « Va te laver… ». En sortant du Temple, Jésus vit un malade. Il s’approche de lui, bien qu’il ne lui ait rien demandé; il s'occupe de lui parce que celui-ci est important à ses yeux; il le touche... puis, il lui parle. Il lui indique un chemin, un geste: (aller à la piscine pour se laver). L'aveugle et Jésus se quittent : il n'y a pas eu de miracle... On pourrait croire que la rencontre n'a pas été fructueuse. Pour que le fait étonnant se produise, l'aveugle doit croire, faire confiance, écouter la parole de Jésus et y répondre: il doit avancer sur un chemin de foi: se lever, se déplacer, faire un geste... Lorsqu'il revient de la piscine, l'aveugle voit!
Jésus n'a pas forcé l'aveugle, il ne l'a pas accompagné jusqu'au bout de la démarche: il lui a laissé toute sa liberté. Jésus a semé avec confiance, puis a envoyé le malade dans un chemin où ce dernier va devoir s'engager lui-même profondément. Il en va de même de l’accès à la foi.

Symbole de l’accès à la foi : Aujourd’hui encore il est possible de traduire l’accès à la foi comme passage de l’aveuglement à la vue. En effet, dans la première Eglise, les néophytes, c’est-à-dire les nouveaux croyants, étaient appelés des illuminés, illuminés par la lumière qu’est et qu’apporte Jésus Vivant.

L’événement de la guérison de l’aveugle-né selon l’évangile de Jean a donc une portée symbolique : il ne s’agit pas seulement de la guérison d’un homme qui, aveugle depuis sa naissance, aurait retrouvé le sens de la vue physiquement. L’ex-aveugle donne à voir la figure du croyant illuminé par la rencontre avec Jésus. C’est donc un signe. Et Jésus en a donné le sens par avance : Je suis la lumière du monde.

L’intérêt de ce récit peut être de nous montrer ce qui se passe lorsque quelqu’un passe progressivement de l’aveuglement à la foi. Ce qui est intéressant, c’est que l’aveugle obéit immédiatement à Jésus : encore aveugle, il va se laver auprès de l’Envoyé, auprès de Jésus et après il voit.


Ce qui est intéressant, c’est que l’ex-aveugle devenu voyant se montre de plus en plus croyant sous le feu des questions qui lui sont posées par les voisins, les pharisiens, les juifs. Au début il raconte simplement ce qui lui est arrivé, il dit aussi que Jésus est un prophète, une affirmation que même les juifs pouvaient accueillir. Puis au fur et à mesure des interlocuteurs qu’il rencontre, il devient plus courageux, et même un peu provocateur lorsqu’il répond aux pharisiens qui lui répètent 20 fois la même question : N’auriez-vous pas le désir de devenir vous-même ses disciples ? Comme chrétiens, il ne faut pas craindre les questions qui nous sont adressées : nous pouvons y répondre avec la même liberté et la même audace dont a fait preuve l’ex-aveugle. D’ailleurs, saint Pierre nous ne nous a-t-il pas enseigné d’être prêts à rendre compte de ce que nous croyons ? On peut être chrétien et aussi parfois un peu provocateur! De plus dans sa 2ème rencontre avec les pharisiens l’ex-aveugle n’hésite pas à témoigner que sans l’aide de Dieu personne ne peut accéder à la foi ou à la vue croyante.

Être chrétien, c’est aussi oser témoigner de  l’action mystérieuse de Dieu dans le devenir croyant. Le fait qu’il y ait aussi des chrétiens dans le monde entier peut aussi interpeller les athées. Notre tâche de chrétiens, c’est aussi d’ouvrir des brèches dans toutes les explications réductrices de la réalité ; rouvrir un espace aussi pour les questions spirituelles aujourd’hui. Ainsi cet ex-aveugle devenu voyant nous montre l’exemple de quelqu’un qui ose faire de plus en plus place dans sa vie à l’œuvre du Dieu vivant en lui, à la lumière de la révélation.


A l’endroit des catéchumènes : Vous allez très bientôt être baptisés. N’allez pas croire que la vie deviendra rose. Voyez-vous ? Le passage de l’aveuglement à la vue n’a pas rendu à l’ex-aveugle la vie plus facile : Le récit nous montre au contraire qu’il va perdre un certain nombre d’appuis humains : ses voisins sont divisés, ses parents disent : il est assez grand, interrogez-le ! Et finalement il sera exclu, expulsé de la synagogue. Passer de l’aveuglement spirituel à la foi, c’est parfois perdre certains appuis dans la société, aujourd’hui une certaine reconnaissance sociale.
Aujourd’hui, ce n’est pas être expulsé et perdre tous ces droits ; mais c’est parfois être rejeté dans la marge de la société ; les chrétiens pratiquants sont devenus pour certains une sorte de curieux marginaux. Mais dans cette situation, de manière identique à ce qui est arrivé pour l’ex-aveugle de l’évangile, le Christ ne nous abandonne pas. Aujourd’hui encore, Jésus Vivant vient à nous à travers sa Parole et aussi à travers l’Eucharistie. Lumière révélatrice qui illumine ceux qui se sont reconnus aveugle et qui rend aveugle ceux qui pensent voir. En réponse à cette venue mystérieuse de Jésus, chacun peut alors exprimer librement sa foi ; par une parole comme par un geste ; comme l’ex-aveugle : “ Je crois, Seigneur et il se prosterna devant lui ”.

Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour. Je suis l’aveugle sur le chemin, guéris-moi ; je veux te voir.



09/03/2013
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