surgeetambula Marc KOLANI

Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire, année C.

XVIIème dimanche ordinaire, C

L1 : Genèse 18, 20–32 ; Graduel: Ps 138, 1–3, 6–8 ;

L2 : Colossiens 2, 12–14 ; Évangile : Luc 11, 1–13

Frères et sœurs, paix et bien ! En ce 17ème dimanche du temps ordinaire de l’année C, le message des textes liturgiques  porte pour l’essentiel sur l’importance de la prière, notamment sur celle d’intercession et de demande. Abraham intercède pour la ville de Sodome ; Jésus enseigne le "Pater" à ses apôtres et leur recommande de prier avec insistance.

Dans la première lecture en effet, nous voyons Abraham qui marchande avec Dieu le sort de Sodome. Il parle avec Dieu comme on le fait avec un ami pour conclure une affaire. Le marchandage insistant et persistant d’Abraham se termine avec la condition de dix justes. Ultime condition pour que Dieu renonce au châtiment de la ville pécheresse. Malheureusement la suite du récit de la Genèse nous apprend que Sodome a été détruite, parce qu’il n’y avait pas même dix justes en elle. Abraham est allé jusqu’au bout de la charité, il a intercédé avec confiance et humilité pour les pécheurs : la suite ne dépend plus de lui. En réalité, la question n’est pas de savoir si cela s’est réellement passé ainsi. L’important est que Dieu apprécie que l’homme intercède pour ses frères. C’est un devoir de prier pour nos frères, d’intercéder pour les pécheurs, et comme le disait le cardinal URS Von Balthasar, d’« espérer pour tous ».

Frères et sœurs, en ces temps de crise et de détresse, en ces moments où la conjoncture dérisoire frappe presque tous les pays, on n’hésite pas à frapper à la porte d’un ami, dans le souci de profiter de ses relations pour trouver un emploi ou d’obtenir quelque autre faveur. Jésus sait ce que c’est que de frapper à la porte du voisin, même s’il faut le réveiller nuitamment, pour apaiser la faim de l’ami qui arrive et qui est dans le besoin. Il sait ce que c’est que de demander, lui qui écoute sans cesse les implorations des miséreux et des malades qui viennent à lui.

En nous apprenant à prier, en nous offrant la prière du « Notre Père », Jésus nous invite à la même grandeur d’âme qu’Abraham. Lorsque vous priez, dites : Notre Père ! Cette prière nous fait prendre conscience que nous sommes solidaires les uns des autres : nous ne pouvons pas vouloir notre salut personnel, sans avoir le désir de celui des autres. C’est pourquoi la prière chrétienne, même quand elle est dite dans le secret du cœur, s’adresse toujours à « notre Père », et non pas à « mon Père ». Et c’est là, le mystère de la communion des saints. Cependant, il ne faut pas penser que nous obtiendrons tout ce que nous demandons à force d’insister dans nos prières. Si ce que nous demandons ne nous convient pas ou ne contribuera pas au salut de celui pour qui nous prions, eh bien, Dieu ne l’accordera pas. Mais Dieu veut que nous luttions et insistions pour obtenir ce que, dans sa miséricorde, il veut nous donner.

Voilà pourquoi Jésus s’appesantit sur l’importance de la prière et en même temps, rend honneur au fait de demander : « Demandez et vous recevrez ! » Il ne dit pas que nous recevrons exactement ce que nous aurons sollicité. Mais, nos demandes ne vexent jamais Dieu. Bien plus, il nous aime tous comme un père, ses enfants. Il sait de quoi nous avons besoin avant que nous le lui demandions. Sur ce point, on peut être tenté de s’interroger : « A quoi bon prier, à quoi cela sert-il, puisque Dieu sait d’avance ce dont nous avons besoin et ce que nous allons lui dire... » Eh bien, la véritable raison d’être de la prière chrétienne est dans ce fait qu’elle s’adresse à un être personnel. Si Dieu, en effet, n’est pas une personne, s’il n’est qu’une idée abstraite, on ne voit pas alors à quoi pourrait servir la prière ; elle serait une absurdité... Mais, si au contraire, comme le témoignent les Saintes Ecritures, Dieu est vraiment quelqu’un, et même un Père aimant, alors quoi de plus normal, quoi de plus logique pour ses enfants que de chercher à nouer des relations avec lui, afin de répondre à son prodigieux amour. On conçoit mal, d’ailleurs, comment on pourrait aimer quelqu’un sans jamais le rencontrer, sans jamais le voir, sans jamais lui parler, sans jamais lui exprimer ce que l’on pense ou ce que l’on ressent, ne serait-ce qu’au moyen de signes. C’est le cas des regards par exemple qui en disent quelquefois tellement plus que les paroles. C’est le cas des occasions de rencontre qu’on crée dans le but d’avoir celui ou celle qu’on aime à ses côtés : chéri(e), et si on se tapait une bière ce soir ensemble ? Bébé, et si tu m’accompagnais pour les emplettes au grand marché ? Copa, et si on allait au concert ce week-end ? Ces attitudes et paroles d’ailleurs, ne sont pas le plus important... Nous savons bien qu’ils sont incapables de traduire parfaitement nos pensées ou nos sentiments. Il en va de même dans la prière : les paroles ne sont que des tremplins grâce auxquels l’âme cherche à s’élever vers Dieu. L’essentiel c’est de parvenir à ce contact, à cette relation vraiment personnelle et unique avec le Seigneur à ce croisement de deux regards, à une véritable union des cœurs. Comme le disait un paysan d'Ars pour expliquer à son curé sa façon à lui de prier: "je l'avise et il m'avise". "Que c'est beau", lui avait répondu le père Jean Marie-Vianney, "je l'avise, et il m'avise."Ainsi, si le Seigneur nous demande d’insister, c’est pour nous rendre aptes à recevoir bien plus que ce qu’il veut nous donner. En nous tournant vers Dieu, nous apprenons à nous ajuster à son amour. En nous approchant de lui, notre cœur s’ouvre à son Esprit Saint. Certes, nos problèmes ne sont pas résolus pour autant. Mais nous ne sommes pas seuls. Nous les vivons avec lui.

"Demandez, vous recevrez, cherchez, vous trouverez, frappez et la porte vous sera ouverte". Forts de cela et sûrs du fait que le Seigneur ne saurait ni se tromper ni nous tromper, nous osons le prier: Seigneur Dieu, nous avons l’audace de te le demander, puisque ton Fils Jésus nous y invite : comble-nous de l’Esprit Saint ! Qu’il nous apprenne à te prier pour les hommes les plus délaissés et misérables. Et qu’ainsi notre cœur brûle de ta charité, pour ta gloire et le salut de nos âmes.



28/07/2013
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