surgeetambula Marc KOLANI

Homélie du 1er dimanche de Carême / année C.

Ier dimanche du temps de Carême / année C

Aujourd’hui, c’est premier dimanche du Temps de Carême. Le carême est ce temps de l’année où, à l’ombre de la croix, nous nous demandons : «qu’est-ce que je représente? Quel est le sens de ma vie? Quelle relation est-ce que j’entretiens avec le monde autour de moi?» A travers les moyens que l’Eglise nous donne pour mieux vivre ce temps, nous sommes invités à redimensionner notre relation avec Dieu, à travers la prière ; à la redimensionner avec les autres dans le partage et l’aumône ; à la redimensionner avec nous-mêmes par le jeûne. Durant ce temps donc, le jeûne, la prière et le partage nous aideront à trouver les vraies valeurs de la vie et à nous rapprocher de Dieu et des autres. A travers l’Evangile d’aujourd’hui, l’Eglise nous invite à lutter contre ce monde, dans la confiance que le Seigneur a déjà vaincu le Prince des Ténèbres. Entamons donc cette marche avec l’assurance de notre victoire. Comment Jésus a-t-il pu vaincre le tentateur ? Quelle est notre tentation à nous ?

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire : C’était un vendredi saint. Après la liturgie mimée de la Passion de Jésus, un étudiant apostropha le curé de la paroisse en ces termes : N’eût-il pas été plus simple pour Jésus d’accomplir le miracle qu’on lui réclamait, et de descendre de la Croix ? La foule ébahie l’aurait acclamé comme son Roi ; ses opposants auraient été définitivement confondus, et les soldats sans aucun doute convertis ! Celui-ci eut la présence d’esprit de lui répondre en citant justement le Ps.90 que nous venons de chanter : Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut et repose à l'ombre du Puissant, je dis au Seigneur "Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr". Et il ajouta en citant Le Cid de Pierre Corneille : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.  Jésus, en effet, n’a pas accepté de satisfaire au désir de ses bourreaux parce qu’il se savait en mission, parce qu’il devrait accomplir la volonté de son Père, celle de souffrir jusqu’à en mourir pour que l’humanité ait la vie. Je ne sais pas si la réponse du Père avait convaincu l’étudiant en question, mais personnellement, après avoir médité l’Evangile de ce jour, je me suis dit que si la question avait été posée à Jésus, il aurait pu donner la même réponse. Car, il me semble que telle a été son attitude tout au long de sa vie publique : il se tenait à l'ombre du Très-Haut, dans une audace héroïque. Les réponses qu’il a données dans l’Evangile d’aujourd’hui au Prince des ténèbres en sont la preuve.

La Parole de Dieu : arme de Jésus : En effet, à la 1ère tentation relative à l’avoir, Jésus s’est tout de suite référé à la Parole de Dieu : Le signe que Jésus donne pour prouver qu’il est le Fils de Dieu, ce n’est pas un acte miraculeux qui lui permettrait d’échapper à la faim ; mais sa soumission inconditionnelle à la Parole de Dieu son Père : L’homme ne vit pas seulement du pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur.

A la 2ème tentation qui lui promet le pouvoir, on peut voir clairement que l'inversion de la perspective entre les exigences du démon et les dons gratuits de Dieu est patente : le démon conditionne le don qu’il prétend faire à l’accomplissement de l’acte d’adoration en sa faveur ; alors que Dieu commence par donner, suite à quoi il nous invite à lui faire confiance. Notre réponse sera donc nécessairement gratuite, puisqu’elle exprime l’adoration, forme suprême de l’amour qui se livre à l’être aimé. Le démon ne connaissant pas la charité, ne peut que proposer un marchandage, caricature mensongère de l’amour.

Enfin, à la 3ème tentation qui consiste dans la course à la gloire, l’attitude de Jésus nous enseigne que ce n’est pas à l’homme de mettre Dieu à l’épreuve, mais bien plutôt Dieu qui éprouve l’homme pour vérifier la qualité de sa foi.

Visiblement, le démon et le Christ n'ont pas la même idée sur Dieu et sur la filiation de Jésus ! Si tu es le Fils de Dieu, prouve-le, semble argumenter le démon ; Jésus le prouve effectivement, mais pas selon le chemin de l’avoir, du pouvoir et de la gloire, mais en restant fidèle à l’écoute de son Père, à lui obéir sans délai, comme il convient à un fils.

Le manque de confiance, notre tentation : Chers frères et sœurs, avouons qu’il y a des jours où nous sommes nous aussi tentés d’argumenter comme cet étudiant consterné devant les souffrances que Jésus a endurées pour faire la volonté de Celui qui l’a envoyé. Devant certaines difficultés de la vie, en effet, nous perdons confiance en nous-mêmes et, pire, nous doutons de la présence agissante de Dieu dans nos vies. Et, c’est là la tentation suprême. D’une part, elle consiste à ne pas nous faire confiance à nous-mêmes. Et à cet effet, une parole m’a frappé dans un film américain que j’ai suivi il y a deux jours : Notre plus grande peur n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur. Notre plus grande peur est que nous soyons puissants au-delà de toutes limites. Nous nous demandons : qui suis-je pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux. En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous ; et quand nous laissons notre propre lumière briller, nous donnons, sans en être conscients, la possibilité aux autres de faire de même. Du film Akeelah and the Bee. Oui, soyons des modèles d’auto-confiance pour nos frères. D’autre part, la tentation nous fait agir comme si l’action du Saint Esprit était inefficace en nous. Elle consiste à  croire que le Christ ne serait pas capable de nous aider  à triompher de ce qui nous tient captifs.

Bien chers frères et sœurs, lorsque viennent les moments du doute et du désespoir, rappelons-nous le psaume : Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut et repose à l'ombre du Puissant, je dis au Seigneur "Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr".

Oui, notre tentation permanente est précisément de quitter cet abri, de douter qu'il soit sûr, et de chercher d'autres abris, d'autres sécurités. Que de fois n’avons-nous pas résisté à l’action de l’Esprit dans nos vies en refusant de lui faire confiance, et en choisissant d’aller par nos propres chemins lorsque celui du Seigneur nous semblait trop exigeant ?

Frères et sœurs, restons plutôt sous la bannière du Christ ; remettons-nous entre ses mains ; demeurons à l’ombre et à l’abri du Très-Haut. Ainsi, nous mènerons notre combat dans la confiance en Dieu et en nous-mêmes. Comme il l’a promis, il sera là dans nos épreuves. Avec Lui, la victoire nous est assurée. Yes, we can ! Entrons donc dans le combat de Dieu, les yeux fixés sur Jésus Christ. Amen !



16/02/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres