surgeetambula Marc KOLANI

Homélie du jeudi, 07 février 2013. (Sur le texte évangélique Mc6, 7-13).

Homélie du jeudi, 07 février 2013. (Sur le texte évangélique Mc6, 7-13). L’Evangile selon saint Marc que nous venons d’écouter et sur lequel je voudrais m’appesantir est intitulé dans la Bible TOB la mission des douze. En effet, jusque-là, les apôtres avaient accompagné Jésus. Aujourd’hui, le Maître les envoie témoigner de ce qu’ils ont vu et entendu. Pendant que je lisais le texte, toute une série de questions s’est imposée continûment à ma conscience. J’en ai retenu trois seulement, celles qui me paraissent fondamentales : Vers qui sont envoyés les apôtres ? Avec quel équipement ? Pour quelle mission ? Vers qui sont envoyés les apôtres ? En termes d’espace géographique, l’Evangile mentionne : localité et maison. Les apôtres doivent parcourir des localités et se faire accueillir dans des maisons. En fait, si on en croit Jésus, le monde où il les envoie est un monde idyllique où l’accueil du visiteur est rarement mis en cause, le principe de l’hospitalité ne se discute pas, le respect de l’étranger est un principe sacré. Pourtant si on fait attention au texte, on remarque que Jésus n’est pas dupe. C’est vers des gens qui sont plus victimes qu’épanouis qu’il les envoie. Il les envoie vers des malades, des possédés par les démons et les esprits impurs. Il les envoie vers un monde difficile et les y prépare. Bien entendu, quand on parle ici de démons et d’esprits impurs, il ne s’agit pas de gens qui seraient aux prises avec des manifestations diaboliques de Satan. Il faut plutôt penser à des gens soumis aux vicissitudes du moment et à toutes les détresses qu’apportent la malnutrition, la pauvreté et le manque d’hygiène. Si on transpose leurs difficultés aujourd’hui au Togo, on parlera sans doute de la pyromanie, des voles de motos, de la tristesse après l’échec et que sais-je encore, comme les médias nous en informent quotidiennement. Ainsi, le monde auquel sont envoyés les apôtres a une double face : d’une part, ce monde est à l’image de nos sociétés d’aujourd’hui dont les soucis et la misère en sont lot. D’autre part, un monde hospitalier pour qui l’étranger est le désiré, –amedzro– comme le dit l’Abbé Laurent KPOGO dans son premier tome de Notre vie devant Dieu. Dans l’Evangile un tel monde s’appelle le Royaume. Voila donc un dilemme ; dilemme dans lequel l’Eglise s’efforce encore aujourd’hui d’accomplir sa mission : la réalité quotidienne d’une part et le Royaume de l’autre. Avec quel équipement ? Les apôtres partent avec un équipement sommaire – le pouvoir sur les esprits mauvais, un bâton et des sandales –. Ils s’en vont avec des consignes et des procédures pour se comporter selon la manière dont ils sont accueillis. Ainsi, ils mettent en pratique ce qu’ils ont découvert du royaume de Dieu, à savoir que Dieu s’est fait présent et qu’il est Providence. C’est pourquoi il leur faut vivre au jour le jour, confiants dans la providence du Père. Ils parleront sans crainte, toujours conscients de leur mission et de la force de Dieu. Ils sont porteurs d’un message de Dieu et à ce titre, Jésus fait le pari qu’ils seront reconnus et reçus comme tels. Mais en réalité, ce peut sembler être de l’utopie car le message de Dieu n’est pas facile à porter. Dans l’épisode précédent Jésus a failli se faire lyncher. Et, c’est en prévision des difficultés qui les attendent qu’il leur recommande de prendre un bâton, pour la marche bien entendu, et des sandales car la route sera longue et le soleil brûlant. (En tout cas, il n’est fait mention ni chapeau ni parapluie pour ceux dont la calvitie a dégarni la tête ou qui se la font raser complètement). Ils croiseront sans doutes des chiens agressifs et pourquoi pas des coupeurs de route. Malgré tout Jésus est confiant et leur promet le gite et le couvert à l’étape. N’a-t-il pas affirmé ailleurs que le travailleur mérite son salaire ? Pour quelle mission sont-ils envoyés ? Le texte mentionne trois finalités : proclamer la nécessité de la conversion, chasser les démons, faire des onctions d’huile aux malades et les guérir. Jésus est un éducateur. Non seulement il instruit ses disciples mais il les fait participer à sa mission. Le texte dit qu’il les envoya deux par deux. Sans doute, la raison en est que le message ne soit pas celui d’une seule personne, au risque de manquer de crédibilité ; mais qu’il doit être l’expression d’un groupe uni dans une seule mission. Ainsi, l’Apôtre ne part pas seul mais avec un vis-à-vis. Ainsi reçoit-il de l’autre une présence accompagnatrice, une présence qui l’aide à prendre conscience de ce qu’il vit lui-même, et lui épargne les tentations de l’isolement et de l’individualisme. Aussi les apôtres doivent-ils proclamer leur foi et accomplir des guérisons comme leur maître. Les guérisons que Jésus leur demande d’opérer sont le signe de la guérison de l’esprit, le signe de la réconciliation de l’homme avec Dieu. Jésus se préoccupe déjà de former des communautés de croyants, lesquelles formeront demain l’Eglise. L’aujourd’hui de la mission : Aujourd’hui, nous sommes dans le temps de l’Eglise. Mais la mission n’a point de fin. C’est nous qu’il appelle maintenant à cette noble tâche. Nous sommes appelés à poser des actes libérateurs en son nom. Ainsi, le monde changera, même si ce sera à un rythme imperceptible ; ainsi la terre accomplira sa vocation, celle d’être l’image et le reflet du Royaume de Dieu. Et j’ose croire que c’est ce but que nous poursuivons en en faisant l’expérience lors de nos sorties de pastorale deux par deux ou plus sur les routes de Lomé. Malgré les échecs prévus, les apôtres ont eu du succès, et c’est dit dans le passage qui suit directement le texte d’aujourd’hui. L’exemple nous est donné, l’appel nous est adressé, à nous de les imiter dans les conditions particulières que nous vivons dans notre séminaire, dans notre pays et à cette époque qui est la nôtre. Que les saints apôtres intercèdent pour nous. Amen !



13/02/2013
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