surgeetambula Marc KOLANI

Homélie du premier dimanche de l'Avent, année C.

L’ESPERANCE ET LA VIGILANCE

EN VUE DU JOUR DE LA VENUE DU FILS DE L’HOMME.


Textes liturgiques :  Ière Lecture : Jr 33, 14-16 ; Graduel : Ps 24 ; IIème lecture : 1th 3,12-4,2 ; Evangile : Lc 21, 25-28.34-36


Bien chers amis, aujourd’hui, le 02 décembre - premier dimanche du mois de novembre de l’année 2012 ; premier dimanche de l’Avent - commence une nouvelle année liturgique, l’année C.  Les péricopes évangéliques dominicales seront extraites de l’Evangile selon saint Luc. L’évangile de ce dimanche est tiré de l’ultime enseignement de Jésus à ses disciples. Il suit immédiatement la destruction du siège de Jérusalem (Lc 21, 20-24) et appelle à la vigilance et à l’espérance en vue du jour de la venue du Fils de Dieu.

 

Un mot sur le temps de l’Avent :

Dans la tradition de l’Eglise catholique du rite latin, l'Avent est la période qui couvre les quatre semaines précédant Noël. Ce temps a été institué par le pape Grégoire le Grand par analogie au Quadragésime du Carême. C’est dans ce sens des quarante jours du carême que dans certaines traditions, l’Avent est nommé le « Petit Carême ». Pour les catholiques, c’est la période où l'on se prépare à la venue du Christ, à sa naissance, à Noël. Dans les Églises utilisant le calendrier romain, l'Avent débute après le 34ème dimanche du temps ordinaire, fête du Christ, Roi de l’univers, et marque le début de l'année liturgique. La couleur liturgique de cette période est le violet. Les principaux thèmes des textes que l’Eglise propose à la méditation de ses fidèles sont l’attente et l’espérance qui permettent de fixer l’attention sur les deux venues, historique et eschatologique, du Christ.

 

 Portée de la page évangélique

Chers amis, je sais que les "prophètes de malheur" auront encore, en ce dimanche, de quoi s’occuper. Mais, en réalité, les textes d’aujourd’hui ne s’inscrivent pas dans la logique de la fin du monde matériel comme une lecture partielle et superficielle peut sembler l’insinuer. En fait, l’auteur de l’Evangile, saint Luc, connaissait le genre apocalyptique des prophètes de la première Alliance. Des textes apocalyptiques, sans doute, en avait-il lu à foison. Aussi emprunte-t-il ce langage pour décrire non la fin matériel du monde, mais la venue de Jésus, le FILS DE L’HOMME glorieux à qui Dieu remet son Royaume de splendeur. Le texte se situe au terme du bouleversement sans précédent que viennent de constituer la chute de Jérusalem et la persécution de Néron. Luc relève ainsi l’angoisse commune de tous les hommes dont les chrétiens sont témoins. Concrètement, l’Evangile nous invite à l’espérance. Jésus, loin d’exploiter la peur, la désamorce : « Quand ces événements commenceront... les hommes mourront de frayeur... mais vous, redressez-vous et relevez la tête...». Ces propos contrastent fort bien singulièrement avec l’effondrement des éléments appartenant à cette terre, sous l’effet de la terreur. Luc exhorte les chrétiens à marcher la tête haute, c’est-à-dire de vivre en ressuscités au milieu des crises inévitables, dans ce temps de l’Eglise qui est le leur actuellement. Le chrétien n’a pas à craindre. Le Seigneur lui demande juste de garder espoir, de vivre dans l’espérance (car, l’espérance ne trompe pas. Rm 5,5).

 

L’espérance, moteur de notre foi

L’histoire fait foi : Jésus est déjà venu. Il est certes retourné au Père, mais il demeure dans l’aujourd’hui de nos vies. Aussi reviendra-t-il pour créer un monde nouveau. Il mettra fin au monde présent où règnent la négation de l’amour et toutes sortes de méchancetés motivées par nos instincts grégaires. C’est animé de cette conviction que saint Paul conclut sa lettre aux Romains en priant ainsi pour ses destinataires: « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint.» (Rm 15, 13). Il insiste sur l’espérance sans laquelle la vie n’a plus ni boussole ni saveur. Quelqu’un disait : « la foi rime avec l’espérance » ; mais en fait, perdre l’espérance, c’est pire que perdre la foi, car il n’y a pas de foi sans espérance. L’espérance est un véritable moteur qui nous pousse à l’action et active en nous la flamme de la charité. Pendant ce temps de préparation à la fête de Noël, nous sommes  invités à participer à la nouvelle création de Dieu. Ceci devrait être le sens de nos échanges de cadeaux, des invitations et des visites que nous faisons pendant le temps des Fêtes : faire plaisir, pardonner, renouer les contacts, venir en aide, créer un monde plus fraternel. Avez-vous un ami dont vous avez perdu la trace il y a belle lurette ? C’est le moment de refouiller votre agenda ou le répertoire de contacts de votre mobile pour retrouver son numéro et lui téléphoner ; si le numéro demeure introuvable, peut-être trouverez-vous son adresse e-mail pour lui écrire ; à défaut, vous aurez au moins sa boîte postale. Au cas où tout a disparu, recherchez l’ami sur les médias sociaux. Très probablement le retrouverez-vous soit sur facebook, soit sur badoo, soit encore sur twitter, ou ailleurs. Osez essayer ! Qui sait ? Peut-être c’est le moment où il a plus besoin de votre aide et de votre attention. Et vous serez intervenu à point nommé! Ainsi donnerez-vous de l’espérance à ceux qui croupissent dans le désespoir, à ceux dont la vie n’a plus de repère, à ceux qui se sentent abandonnés des leurs et oubliés du monde. Ainsi leur permettrez-vous de relever la tête car « (leur) Rédemption est  proche ».


Par ailleurs, si l’espérance nous motive à l’action, donne sens à notre vie et constitue le moteur de notre foi, combien doit être notre préoccupation d’être des hommes "espérants" ! L’attitude que Jésus nous demande d’adopter, c’est bien la vigilance dans la prière.

 

La vigilance et la prière en vue de garder notre espérance à jour

Au Grand séminaire interdiocésain Jean Paul II de Lomé est bien connu ce chant dont le refrain dit : « Restez éveillés ; vous ne savez pas le moment où le Seigneur va venir ; soyez vigilants et priez ». Ce refrain résume à lui seul toute la problématique de la vigilance et de la prière dans l’attente du jour du retour du Seigneur. En effet, au "carpe diem, mangeons et buvons, car demain, nous mourrons" que prônent la philosophie du plaisir et de la jouissance, Jésus oppose l’attitude suivante : « Tenez-vous sur vos gardes de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie et que ce Jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre….. ». En un mot, nous sommes conviés à la vigilance sans laquelle nous pouvons sombrer dans les tentations suivantes : les déviances sexuelles, les excès d’alcool et les soucis obsédants quant aux nécessités de la vie. Quoi de plus normal que de chercher à avoir le nécessaire, d’avoir besoin d’argent, de goûter aux jouissances de la vie ! Mais, il y a un hic : le danger que nous y laissions notre « cœur » en vendant notre « âme ». Le danger, c’est que l’obsession et la frénésie de l’achat l’emportent sur notre identité d’Enfants de Dieu. En tout cas, c’est bien là la tentation majeure d’une société dite « de consommation » ! La vigilance est une attitude essentielle du chrétien. Pour être à même de discerner la présence de Dieu dans le quotidien de notre vie et dans la trame des événements, pour discerner la présence de l’époux qui est venu, qui vient et qui viendra et lui emboîter le pas jusqu’au royaume des Cieux, point d’autre solution que la vigilance.

 

Et le Seigneur poursuit : « Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver et de paraître debout devant le Fils de l’homme….. Tenez-vous sur vos gardes ». Il insiste sur l’éveil et la prière. Une chose est sûre, si nous demeurons éveillés et dans la prière, nous ne serons pas trouvés distraits ou endormis quand notre Seigneur apparaîtra dans sa Gloire. On n’en dira jamais assez de l’importance de la prière. Car, c’est la prière qui nous fait prendre conscience de notre fragilité. Et la prise de conscience de nos limites nous rappelle que nous devons, sans jamais nous lasser, recourir à Dieu : «  Notre Père qui es aux Cieux,…. ne nous soumets pas à la tentation ; mais délivre-nous du Mal ». Le Seigneur Jésus même nous a donné l’exemple de la prière. Il veillait dans la prière pour découvrir la volonté de son Père. Ce serait dommage pour nous de vouloir faire économie de ces temps de recueillement, d’écoute dans le secret du cœur, de relecture de notre vie sous le regard de Dieu ?


Intention de prière :

Seigneur Jésus Christ, tu nous aimes tellement que ce ne sera pas un plaisir pour toi de nous trouver, quand tu viendras, endormis ou vautrés dans les occupations de ce monde. Accorde-nous la grâce de la vigilance, de l’éveil et de la prière pour nourrir et entretenir notre espérance. Ainsi, notre foi, sans cesse grandira et lorsque tu paraîtras dans ta gloire, tu nous trouveras debout dans la prière.

                                                                                                Abbé Marc Boima KOLANI.

               "En Avent !" je veux dire, bon temps d’Avent à tous et à chacun !

 



29/11/2012
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