surgeetambula Marc KOLANI

LA FORCE D'AIMER; MARTIN LUTHER KING; RESUME

RESUME DE « LA FORCE D’AIMER » DE MARTIN LUTHER KING

 

J’avais déjà proposé une partie de ce résumé au « Journal Le Gong » du grand séminaire interdiocésain Jean Paul II de Lomé qui a publié le texte dans son numéro de décembre 2012.

 

La force d’aimer, un livre d’actualité frappante né d’une méditation profonde. Ecrit par le pasteur baptiste Martin Luther King et traduit de l’américain par un prêtre catholique, Jean Bruls, cette œuvre est une compilation de dix sept sermons portant sur les problèmes sociaux du l’époque de l’auteur et d’aujourd’hui encore. Martin Luther King y tente de présenter le message chrétien à porter sur les maux sociaux avec le témoignage et la discipline qui sont requis de chaque sermon. En voici le résumé :

 

UN ESPRIT FERME ET UN CŒUR TENDRE : La vie en sa perfection nécessite que l’homme unisse les contraires. L’extrémiste est toujours connu pour être soit débile d’esprit soit dur de cœur. L’homme doit toujours viser les qualités optimales que sont la fermeté d’esprit et la douceur de cœur. Il doit les cultiver ensemble car l’une sans l’autre fait basculer ou dans le despotisme ou dans un état d’esprit débonnaire. Cette combinaison trouve sa source de la nature même de Dieu. La grandeur de Dieu tient au fait qu’il possède les deux qualités d’austérité et de douceur. Pour la quête de la liberté, nous devons appliquer cette formule qui réside dans la résistance non-violente. La non-violence évite la complaisance et l’inaction de l’esprit débile aussi bien que la violence et l’amertume du cœur dur. Ainsi, pour être fort, l’homme doit porter dans son caractère des antithèses fortement marquées.

NON-CONFORMISTE TRANSFORME : Aujourd’hui, le succès, l’approbation et le conformisme sont les maîtres-mots. Le conformisme est particulièrement nourri et entretenu par les pressions de masse et même par certaines disciplines d’études. Mais saint Paul enjoint aux chrétiens de ne pas se conformer à ce monde. Nous sommes appelés à être des hommes de conviction et non de conformisme. Aujourd’hui encore, le non-conformisme moral de Jésus lance son défi à la conscience de l’humanité. En fait, l’espoir du monde repose sur des non-conformistes disciplinés, donnés à la justice, à la paix, à la fraternité. Cependant, en lui-même, le non-conformisme ne jouit parfois d’aucun pouvoir de transformation et de rédemption. Pour être efficace, il doit se laisser contrôler et guider par une vie transformée. Ainsi, il devient créateur et constructif. C’est donc par une transformation spirituelle intérieure que nous pouvons obtenir la force de combattre avec rigueur les maux du monde dans un esprit d’humilité et d’amour.

ETRE UN BON PROCHAIN : C’est qui le prochain ? C’est celui envers qui on agit en compagnon ; toute personne qu’on trouve dans le besoin, de toute race, langue et ethnie. Ainsi, le prochain se définit, non par des concepts scientifiques, mais par une situation vitale. Quel devoir a-t-on donc envers le prochain ? C’est en somme lui faire preuve d’altruisme, c’est-à-dire, se soucier et se dévouer pour son intérêt. Cet altruisme, pour être authentique, doit être universel, dangereux et excessif ; il doit aller au-delà de la simple pitié ; il se doit de prendre l’exemple du bon samaritain, l’exemple de Jésus dont l’altruisme a été sans limite.

L’AMOUR EN ACTE : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Cette prière exprime avec clarté et solennité la grandeur d’âme de Jésus. De cette prière, nous pouvons tirer deux leçons : Premièrement, il s’agit d’une expression merveilleuse de l’habileté de Jésus à joindre parole et action. De fait, durant sa vie terrestre, Jésus a enseigné à ses disciples de pardonner, pas jusqu’à sept fois seulement, mais jusqu’à soixante dix fois sept fois, c’est-à-dire, toujours. Ainsi a-t-il pardonné à ses bourreaux au moment même où il mourait sur la croix. Deuxièmement, c’est une expression de la conscience qu’a Jésus de l’aveuglement intellectuel et spirituel de l’homme. Pour ainsi dire, Jésus ne fut pas fixé à la croix par le péché seul, mais aussi par l’aveuglement. Alors, pour que les actes humains soient justes, il convient de les extirper de l’ignorance et de la stupidité.

AIMEZ VOS ENNEMIS : Qu’aucun des conseils de Jésus n’eût été plus difficile à suivre que le commandement d’ « aimez vos ennemis », on ne s’en étonne pas outre mesure. Quels que soient les bémols qu’on serait tenté d’adjoindre à ce commandement, Jésus ne cesse d’insister. Mais comment aimer nos ennemis ? Voici : développer et entretenir notre aptitude au pardon ; reconnaître que l’acte mauvais de notre prochain-ennemi n’exprime jamais adéquatement ce qu’il est lui-même ; éviter d’abattre et d’humilier l’ennemi, mais chercher au contraire à gagner son amitié et sa compréhension. Mais pourquoi ? Quatre raisons motivent la nécessité de pardonner à l’ennemi : d’abord, rendre la haine pour la haine multiplie la haine. Ensuite, parce que la haine blesse l’âme et déforme la personnalité. Aussi, l’amour est la seule force capable de transformer un ennemi en ami. Enfin, beaucoup plus fondamentalement, parce que exprimée explicitement dans les paroles de Jésus : « … afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ».

MINUIT, QUELQU’UN FRAPPE A LA PORTE : Il est minuit dans l’ordre social ! Minuit étant l’heure à laquelle chacun cherche à s’échapper par tous les moyens, l’homme a cherché désespérément à se sauver au moyen de la science. Mais, lamentablement, il a été déçu. Il frappe à la porte de l’Eglise cherchant trois pains. Il désire le pain de la foi, le pain de l’espérance et le pain de l’amour. Malgré les déceptions qui jamais ne manquent, même dans l’Eglise, il récidive, convaincu que c’est là que se trouve vraiment le pain de la vie. L’Eglise doit soutenir tous ceux qui sont en quête de la justice, de la liberté ; elle doit les réconforter en les convainquant qu’aucune nuit ne dure longtemps, en leur faisant savoir que désappointement, tristesse et désespoir sont nés à minuit, mais que le matin vient ensuite.

L’HOMME INSENSE : « Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ». (Lc 12, 20). Pourquoi Jésus traite cet homme qui avait acquis son bien grâce à un dur labeur d’insensé ? Il est insensé parce qu’il permettait aux fins pour lesquelles il vivait de se confondre avec les moyens par lesquels il vivait ; il n’avait pas conscience de sa dépendance vis-à-vis des autres et de Dieu. Cette philosophie égocentrique tient sa racine du matérialisme qui conduit nécessairement à une impasse dans un monde intellectuellement dépourvu de sens. L’homme d’aujourd’hui est tellement optimiste sur ses réalisations et ses prouesses qu’il pense s’auto-suffire. Or, sans la soumission à Dieu, nos efforts sont dépourvus de sens. Ce tableau peint avec une vérité poignante la civilisation occidentale dont les moyens ont distancé de loin les fins. Son espoir d’une vie créatrice repose sur son aptitude à rétablir les fins spirituelles de la vie dans le caractère personnel et dans la justice sociale. « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? »

LA MORT DU MAL SUR LE RIVAGE DE LA MER : L’existence du mal dans le monde est une évidence. On n’en discute pas. Il côtoie le bien. Mais le christianisme affirme clairement que du long combat entre le bien et le mal le bien sortira vainqueur. Le mal est en fin de compte condamné par les forces puissantes et inexorables du bien. Ce qui convainc et apaise davantage les cœurs, c’est que le mal, quelle que soit la durée de sa fougue, contient toujours ses armes d’autodestruction. Ainsi, tout comme Israël s’est tiré autrefois de l’esclavage en Egypte quand l’heure du bien eut sonné, tout comme les forces de la justice et de la dignité humaine ont obtenu peu à peu la victoire sur l’obstination des puissances coloniales, les jours viennent où le mal sera détruit. Mais le prix à payer c’est la lutte dans la foi qui abhorre également l’optimisme superficiel et le pessimisme paralysant.

TROIS DEMENSIONS D’UNE VIE ACHEVEE : « La longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales ». (Ap 21, 16). Telle est la description que saint Jean fait de la cité sainte. Par là, il décrit l’humanité idéale. Il dit en substance que la vie parfaite doit être complète, achevée, de toutes parts. Elle a les trois dimensions indiquées par notre texte : la longueur, la largeur et la hauteur. La longueur de la vie est la démarche intérieure de chaque homme en vue de ses fins et ambitions personnelles. La largeur de la vie est la préoccupation extérieure du bien-être d’autrui. La hauteur de la vie est la montée vers Dieu. La vie vraiment achevée est un triangle cohérent. Sans le développement adéquat de chaque partie du triangle, aucune vie ne peut être achevée. Dieu fasse que nous nous mettions en marche avec ardeur vers la cité de la vie achevée.

REVES DETRUITS : Les rêves détruits sont l’estampille de notre condition mortelle. Mais comment réagissons-nous lorsque nos plus grands espoirs restent insatisfaits ? Soit la personne déçue cristallise toutes les frustrations en aigreur et en ressentiment qui empoisonnent l’âme et ruinent la personnalité ; soit elle se replie complètement sur elle-même et devient introverti ; soit encore elle adopte une philosophie fataliste selon laquelle tout ce qui arrive devait arriver et tous les événements sont déterminés par la nécessité. Ces réactions ne donnent qu’une paix éphémère. Mais, comment faut-il agir efficacement ? La personne déçue doit honnêtement faire face à son rêve détruit. C’est ainsi que parmi les personnes les plus influentes du monde, beaucoup ont changé leurs épines en couronnes. Et la foi chrétienne nous rend capable d’accepter ce qui ne peut être changé, d’affronter les déceptions et les peines dans un équilibre intérieur et de subir les déceptions et les peines dans la conviction que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ».

QU’EST-CE QUE L’HOMME ? Selon les réalistes, il faut transcender aussi bien les conceptions purement matérialistes, pour qui l’homme n’est qu’une vermine pernicieuse, que les spéculations trop optimistes de l’humanisme. Ainsi, l’homme n’est ni un héros ni un scélérat ; il est l’un et l’autre. Le christianisme adopte la définition du Psaume 8 :« Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant  de gloire et d’honneur ». L’homme est un être biologique, doté de corps physique. Il ne saurait être essentiellement mauvais car le livre de la Genèse affirme que tout ce qu’a créé Dieu est bon. L’homme est créé à l’image de Dieu. Il est doté d’esprit et cette qualité spirituelle lui donne l’aptitude unique d’être dans la nature, mais plus haut que la nature. Toutefois, il ne faut pas se faire l’illusion que l’homme est fondamentalement bon. Ill a été corrompu par le péché. Mais ce n’est jamais un épilogue car l’homme est perfectible ; il est fait pour ce qui est grand, noble et bon; il peut se racheter s’il vit vigilent dans la prière.

COMMENT UN CHRETIEN VOIT LE COMMUNISME ? Le communisme est un sujet dont le chrétien ne saurait faire abstraction et ce, pour trois raisons : l’influence du communisme a gagné le monde entier ; le communisme est le seul rival sérieux du christianisme ; il est incorrect de condamner un système avant de savoir ce que ce système enseigne et pourquoi il se trompe. Tenons-nous bien, le communisme et le christianisme sont fondamentalement incompatibles. Le communisme se fonde sur une vision matérialiste et humaniste de la vie et de l’histoire. Une telle philosophie est résolument laïque et athée. Or au centre de la foi chrétienne, il est affirmé qu’il existe dans l’univers un Dieu qui est le fondement et l’essence de toute réalité. Toutefois le communisme doit être abordé avec dextérité car il tente de s’approprier certaines valeurs chrétiennes telle la justice sociale. Mais, et c’est là même le hic, il ne la prône qu’en théorie. Pour pourfendre cette doctrine dangereuse, l’Eglise doit jouer le rôle qui est sien, en renouvelant son engagement à la cause du Christ. Ainsi, l’histoire sonnera le glas du communisme et nous garderons le monde pour la démocratie et le sauverons pour le peuple du Christ.

CE QUE PEUT NOTRE DIEU : S’il y a tant de déceptions dans le monde, c’est que nous nous sommes appuyés sur des dieux plutôt que sur Dieu. Rien n’échappe au contrôle de Dieu : il a le pouvoir de soutenir l’espace immense de l’univers physique, de maîtriser toutes les forces du mal, de vaincre les maux de l’histoire, de nous donner les ressources intérieures qui nous permettront d’affronter les épreuves et les difficultés de la vie. Souvenons-nous, quand nos jours s’assombrissent et que nos nuits deviennent davantage noires, qu’il y a dans l’univers une puissance, grande et bienveillante, dont le nom est Dieu : il peut ouvrir la voie lorsque la route fait défaut et changer les sombres aujourd’huis en demains lumineux.

ANTIDOTES DE LA PEUR : Beaucoup, sans en avoir conscience, permettent à la peur de transformer  des matins paisibles en des soirs de dépression intérieure. La peur est certes humaine. Mais elle peut être viciée. Ainsi il y a des peurs normales et des peurs anormales. Tandis que les peurs normales nous protègent, les peurs anormales nous paralysent. Alors que les peurs normales nous font améliorer notre bien-être individuel et collectif, les peurs anormales empoisonnent sans cesse et déforment notre vie intérieure. Notre problème n’est pas de nous défaire de la peur mais plutôt de la brider et de la maîtriser. Mais comment y arriver ? En premier lieu, nous devons résolument faire face à nos peurs et nous demander honnêtement pourquoi nous sommes effrayés. En deuxième lieu, nous pouvons maîtriser la peur par le courage, la capacité de l’esprit à surmonter les phobies. En troisième lieu, la peur peut être maîtrisée par l’amour. En quatrième lieu, enfin, la peur est maîtrisée par une foi positive.

REPONSE A UNE QUESTION EMBARRASSANTE : Le problème qui a toujours embarrassé l’homme, c’est son incapacité à vaincre le mal par ses propres forces. Avec consternation, il demande : « Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon ? » Les hommes ont habituellement suivi différemment deux voies pour éliminer le mal et ainsi sauver le monde. La première invite l’homme à écarter la mal par son propre pouvoir, dans la conviction étrange et naïve qu’un réfléchissant, inventant et gouvernant, il vaincra finalement les forces harassantes du mal. La deuxième idée en vue de supprimer le mal dans le monde stipule que si l’homme se tient devant le Seigneur dans la soumission et l’attente, Dieu seul, au moment qu’il voudra, sauvera le monde. Aucune des deux méthodes ne saurait sauver le monde des griffes du mal. Les deux sont efficaces, mais conjointement, car ni Dieu ni l’homme ne peuvent séparément réaliser le salut du monde. Mais, ensemble, Dieu et l’homme peuvent changer le vieux en neuf et extirper le cancer du péché.

LETTRE DE SAINT PAUL AUX CHRETIENS D’AMERIQUE : A votre sujet et au sujet de ce que vous faites, j’ai entendu tant de choses : vous avez accompli dans le domaine de la science de fascinants et étonnants progrès et cela contribue à l’épanouissement de l’homme. J’en rends grâce à Dieu et vous en félicite. Seulement, et j’en suis atterré, il m’apparaît que votre progrès spirituel n’a pas été proportionné au progrès scientifique. C’est pourquoi je vous rappelle que vous avez la responsabilité de représenter les principes moraux du christianisme en un temps où ils sont si communément méprisés. « Ne vous conformez pas à ce monde ; mais transformez-vous par le renouvellement de votre esprit». Je déplore et blâme le capitalisme, les divisions et les désunions entre les dénominations chrétiennes, la ségrégation raciale entretenus chez vous. J’encourage ceux qui luttent pour la justice à ne jamais baisser les bras. Pour arme de lutte, je leur prescris l’amour car il n’y en a pas plus puissante.

PELERINAGE A LA NON-VIOLENCE : Aujourd’hui, dans les conflits de tout genre, la méthode de la non-violence est une urgence. Car, à notre époque de véhicules spatiaux et d’engins balistiques guidés, le choix se réduit à non-violence ou non-existence. Je prône un pacifisme réaliste, tout en reconnaissant que dans cette option il y a maintes tribulations. Si nous joignons la foi à la volonté, toujours le secours divin nous fortifiera et nous soutiendra. Mon engagement dans la lutte pour la libération de mon peuple m’a appris ce que c’est que la souffrance imméritée. Mais, le disciple, est-il au-dessus de son maître ? Jésus en a souffert pire que nous. Ainsi, je porte en ma chair les marques du Seigneur Jésus. Du reste, toutes ces douleurs m’ont porté plus près de Dieu. Je ne me décourage point de l’avenir car j’entends sonner le glas des vieux régimes d’exploitation et d’oppression. Pointent à l’horizon des nouveaux régimes de justice et d’égalité. Ainsi, dans un monde livré aux ténèbres et au désordre, le Royaume de Dieu peut encore régner dans le cœur des hommes.

 

En proposant un résumé de ce livre aux lecteurs, j’escompte relayer l’enseignement du pasteur King. Dieu fasse que ce message soit entendu par tous les hommes, comme l’Evangile dont il est un écho fidèle. Le vin est tiré ; buvons-en !

 

 



26/06/2012
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