surgeetambula Marc KOLANI

Le Baptême du Seigneur

Dimanche du baptême du Seigneur : année C

Is 40, 1-5. 9-11 ; Ps 103 ; Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16. 21-22.

Depuis le 24 dernier, nuit de Noël, Dieu ne cesse de se révéler. Après l’annonce de la Bonne Nouvelle aux bergers qui sont allés adorer l’enfant Jésus dans la mangeoire, après la visite des rois mages qui symbolise l’annonce à toutes les races, aujourd’hui le Christ Sauveur se révèle au peuple d’Israël à travers le rite de son baptême. Il s’agit d’un saut qualitatif dans le culte rendu à Dieu; il s’agit de l’origine du baptême chrétien; il s‘agit de nous souvenir de nos engagements baptismaux.

Des sacrifices de purification au baptême de conversion : un saut qualitatif

Dans l’Ancienne Alliance, seuls les sacrifices d’animaux accompagnés de certains rites, le tout accompli au temple par les prêtres étaient capables d’obtenir le pardon de Dieu. Et voilà qu‘au grand dame de tout le peuple, probablement en l’an 28 de notre ère, un fils de prêtre – Jean-Baptiste, fils de Zacharie –   rompant la tradition familiale, prend l’habit du prophète et propose une démarche inédite: un baptême de conversion dans les eaux du Jourdain. Ainsi reprend-il le geste que le prophète Elisée avait requis du général syrien Naaman pour obtenir la guérison de sa lèpre. Beaucoup de personnes viennent alors se faire baptiser. Dans l’enseignement auquel succédait le rite du baptême Jean disait : « Moi, je vous baptise avec de l’eau mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu ». Aussi un événement vint-il embarrasser Jean: voici que Celui dont il dit qu’il baptisera dans l’Esprit Saint et le feu, vient lui-aussi à lui. Jean lui administre, non sans hésiter, le baptême. Pourquoi Jésus se fait-il baptiser, lui le Fils de Dieu, lui qui est tout pur et n’a pas de péché à se faire pardonner ? En fait, ce baptême est une manifestation de sa mission : par là, il rejoint le monde pécheur et lui révèle que Dieu ne l’abandonne pas. Entré dans l’eau, tout pur, il en ressortit porteur de tout le péché du monde. Il a pris ce péché sur lui pour nous en libérer.

 

Le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe.

Pendant que Jésus priait après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit. Voilà une note capitale, hors pair et étonnante. Le baptême et la prière de Jésus ouvrent le ciel. Par là, Jésus devient la relation entre Ciel et terre, entre Dieu et l’humanité. Par lui, la communication jadis perdue entre Dieu et les hommes se rétablit. Ainsi, un signe apparu du ciel: l’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence  corporelle, comme une colombe. Dans la tradition biblique, l’image de la colombe explique bien le sens de ce baptême :

Ce baptême marque le début d’une nouvelle genèse, d’une « re-création ». Nous y découvrons le vrai sens du baptême qui fait renaître par l’Esprit. Cf. Gn 1, 2 : « au commencement, Dieu créa le ciel et la terre… le soufle de Dieu planait sur la surface des eaux ». Dorénavant, l’eau nettoie, purifie du péché et Jésus offre la paix à ceux et celles qu’il accueille dans l’arche de l’Eglise. Cf. Gn 8, 11 : Noé lâcha une colombe : à la 2ème fois, elle revint à lui « et voilà qu’elle avait au bec un frais rameau d’olivier ». Aussi, Jésus reconduit tout le peuple dans l’amour de son Dieu. Cf. Cant 2, 14 où Dieu appelle Israël sa bien-aimée, « sa colombe ».  Jésus est vraiment plus puissant que Jean Baptiste: pendant que Jean exhortait, faisait la morale, Jésus, lui, spiritualise, il divinise.

 

Du ciel une voix se fit entendre : « C’est toi mon Fils: moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »

Il s’agit d’une citation du Ps 2 dont le verset 7 dit : « Tu es mon fils ; moi aujourd’hui je t’ai engendré. Demande-moi et je te donne les nations en patrimoine… ». Ce psaume raconte la cérémonie d’investiture du nouveau roi. Dieu, en prononçant ces paroles à l’endroit de son Fils, le sacre donc Roi, guide du royaume qu’il veut instaurer et qui doit s’étendre au monde entier. La voix du Père donne ainsi à Jésus son identité – Fils de Dieu – et aussi l’envoie en mission. Le caractère particulier de ce roi est qu’il sera « doux et humble de cœur », n’usant pas de violence mais proposant le partage de l’amour infini de Dieu.

Le baptême chrétien 

Le jour de notre baptême, le Père céleste répète également pour chacun de ces enfants ces paroles prononcées sur Jésus : « Tu es mon Fils ». Réalisant ainsi notre adoption, ce sacrement marque notre insertion dans la famille de Dieu, dans la communion avec la Très Sainte Trinité, dans la communion avec le Père, avec le Fils et avec l'Esprit Saint. C'est précisément pour cela que le baptême doit être administré au nom de la Très Sainte Trinité : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Ces paroles ne sont pas seulement une formule, mais bien une réalité. Elles marquent le moment où de fils/filles de parents humains, nous devenons fils/filles de Dieu dans le Fils du Dieu vivant. Dans le baptême, nous sommes envoyés en mission auprès de nos frères, à travers nos activités quotidiennes, dans nos lieux de travail. En avons-nous pleinement conscience ?

Qu’avons-nous fait de notre baptême ?

Rappelons-nous tout le temps que nous avons passé à suivre la catéchèse, rappelons-nous tous les engagements pris le jour de notre baptême, rappelons-nous la joie qui nous animait le jour où nous nous sommes penchés sur le baptistère. Mon frère, ma sœur, qu’en avons-nous fait ? A quoi ressemble notre baptême? Est-il efficace ? Porte-t-il du fruit, ou est-ce un sacrement "lié" pour reprendre la terminologie de saint thomas d’Aquin? Pour la plupart, notre baptême est un sacrement dont l’efficacité reste entravée, dont le fruit n’est pas utilisé parce qu’on n’y a pas adjoint la condition essentielle de la foi. Rappelons-nous, en cette année de la foi, que ce n’est pas le baptême en lui seul qui sauve, mais comme l’a dit le Seigneur Jésus « celui qui croit et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16,16). Il n’est pas dit : « celui qui sera baptisé sera sauvé ». Pour notre salut, la place de la foi est indiscutable. C’est dans ce sens que le pape Benoît XVI, dans Porta Fidei (n°10) insiste à dire : « Dans la foi de la communauté chrétienne chacun reçoit le baptême, signe efficace de l’entrée dans le peuple des croyants pour obtenir le salut ».

Fais, Seigneur, que la grâce reçue au jour de notre baptême puisse déployer en nous toute sa potentialité et porter dans notre vie un fruit de sainteté pour ta plus grande gloire et pour le salut de tous les hommes. Amen !



15/02/2013
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