surgeetambula Marc KOLANI

L’ENFANT : DON DE DIEU ET FRUIT DE L’AMOUR DES PARENTS.

Nous avions déjà publié cet article en décembre 2010 dans le bulletin semestriel d’information du Grand séminaire interdiocésain Jean Paul II (Lomé-Togo) . Aussi avons-nous senti le besoin de le partager maintenant avec nos lecteurs et amis vu la pertinence des idées qui y sont contenues.

"Votre enfant veut savoir d’où il vient" . C’est ainsi que s’intitule un document d’éducation de Marie France qui enjoint aux parents de dire sans détour mais sagement et savamment à leur progéniture quelle est leur origine. A la suite de cet auteur, nous voulons, au travers de cet article, faire ressortir non seulement que l’enfant a une origine divine mais aussi qu’il est le fruit de l’amour de ses parents et qu’il constitue une semence d’espérance pour la société.

Avant tout, qui appelle-t-on enfant ?

La plupart des ouvrages qui se sont intéressé à l’enfance s’accordent à circonscrire cette période de la vie humaine entre la naissance et l’adolescence. Envisagé physiologiquement, l’enfant est celui dont l’âge est compris entre 0 à 13 ans inclus, soit de la naissance à l’âge pubertaire. Moralement parlant, est enfant, toute personne qui n’a pas encore 18 ans sonnés. C’est un innocent qui se plaît à poser beaucoup de questions tant ses facultés intellectuelles sont moins productrices que réceptrices. D’où vient-il donc et quel en est sa destinée ?

L’enfant, un don de Dieu :

Notre foi, la foi chrétienne, nous enseigne que Dieu est la source de toute vie. En effet, il a créé l’univers visible et invisible et tout ce qu’ils contiennent. Par amour, il fit l’homme, mâle et femelle, Adam et Eve, à son image et à sa ressemblance. Pour assurer à cette vie naissante la continuité et la croissance, il a voulu faire participer l’homme et la femme, unis par le lien du mariage, à son œuvre créatrice en leur accordant, par bénédiction, le pouvoir de soumettre la terre et de procréer. C’est ce que relatent les toutes premières lignes du livre de la Genèse (Gn. 1 et 2). Dieu a ainsi institué le mariage auquel sont ordonnées, par l’acte conjugal, l’union entre les époux et la procréation qui en constituent les fruits (FC. 950/5). Comme le mystère de la vie, la fertilité et la stérilité demeurent des réalités qui échappent à l’appréhension humaine. Dieu qui a mis en l’homme l’impérieux désir de procréer est le seul qui ouvre le sein maternel et le seul qui le ferme. C’est ce à quoi se rapporte la confession de Jacob qui déclare à Rachel, sa femme, qu’il ne peut pas se mettre à la place de Dieu, lorsque celle-ci, désespérée, lui cria en ces termes : " donne-moi des enfants, ou je meurs" (Gn. 30, 1s). C’est Dieu qui accorde la procréation. Aussi, l’homme doit s’acquitter de ce noble ministère de la transmission de la vie d’une manière digne de lui. Pour ainsi dire, la vie, de la conception à la mort naturelle, doit être sauvegardée avec grand soin. Sont donc considérés comme crimes abominables les avortements et les infanticides. Sont également infâmes et vus comme violations de l’intégrité de l’enfant, les pratiques comme les mutilations, les tortures physiques ou morales, l’exploitation, la prostitution et le commerce des enfants. Oui, il faut le redire, Dieu est le maître de la vie. Les enfants viennent de Dieu qui les donne aux parents comme fruit de leur amour. Ils constituent aussi une source d’espérance pour l’humanité.

L’enfant, fruit de l’amour des parents et espérance de toute l’humanité : L’aptitude de générer de nouvelles vies humaines n’est certes pas le seul bien du mariage. Mais elle y occupe une place quasiment plus importante vue que les enfants qui en sortent sont des talents confiés aux parents ; ceux-ci ayant la lourde et inégalable responsabilité de leur faire produire des fruits qui servent aussi bien à l’épanouissement personnel qu’au développement harmonieux et durable de la société; des fruits qui soient agréables à Dieu et qui accroissent le royaume de Dieu. L’humanité, et en l’occurrence les parents, doit en être conscient et assumer l’éducation dans l’esprit que les enfants sont signe de bénédiction divine. Sous tous les cieux, il est reconnu qu’avoir une postérité est un désir ardent et ce parce que les enfants sont le soutien de leurs parents et prolongent en quelque sorte leur vie. L’Ecriture fait foi, les enfants sont « la couronne des vieillards » (Pr. 17, 16) ; ils sont comme « des plants d’olivier autour de la table » (Ps.128, 3). Au delà du cercle familial, l’enfant est un joyau, une pierre précieuse pour son entourage, pour sa patrie, pour l’humanité tout entière. Les jeunes générations, héritant de leurs parents, seront en toute évidence la relève de demain et du coup la providence de leurs descendances. L’enfant est l’espérance des générations futures, la Bible le reconnaît. Au même moment, elle sait, et les psychologues ainsi que les psychanalystes d’aujourd’hui comme ceux d’hier le ratifient, que l’enfant est un être inachevé auquel il importe d’accorder bien des soins. Il doit, dans son ère culturel, tout apprendre de ses proches, de la société; d’où jaillit la grave question de l’éducation qui revient d’abord et avant tout aux bons soins des parents, premiers et principaux éducateurs, ou aux personnes qui en tiennent lieux.

L’éducation de l’enfant : Quelques lignes d’un article consacré à l’enfant ne saurait changer ni l’éducation ni le monde, mais les parents ou les tuteurs, eux, le peuvent, en sauvant chacun des enfants à eux confiés. Les enfants sont comme des baromètres, reconnaît la sagesse populaire. Ils enregistrent toutes les influences et les pressions ambiantes, quelles soient positives ou négatives. Saint Paul est sensible à cet état d’imperfection que représente l’enfance. Il en parle dans le cadre de l’enfance de la foi dans ses lettres adressées aux Corinthiens, aux Galates et aux Ephésiens (cf. I Co. 13, 11). L’éducation est indispensable et si elle vient à manquer ou à échouer, rectifier le tir est toujours du fil à retordre. Voilà pourquoi il incombe aux parents d’assurer à leurs enfants une éducation qui vaille. Et, pour le faire, la première des choses est d’être des modèles pour leurs enfants et de leur dire la vérité sur les questions de leurs aspirations. Les valeurs des éducateurs doivent être réelles s’ils veulent les transmettre convenablement. Or, l’expérience montre que les gens font précisément le contraire de ce qu’ils disent sur l’estrade ; ils se font passer pour au lieu d’être effectivement. A bon droit, un pasteur du XIXème siècle reprenait ainsi les parents de son Eglise : « Tant que Christ ne vivra que dans votre bible… et non dans votre cœur, tous vos efforts pour L’amener à vos enfants seront vains ». L’éducation de l’enfant, pour être efficace et bénéfique, demande donc aux parents la franchise et la droiture dans leurs actions et dans leur parlé. Ainsi, Aussi longtemps que les parents n’exigeront pas d’eux-mêmes ce qu’ils inculquent à leurs enfants, tous leurs efforts harassants pour incarner l’intégrité échoueront.

En synthèse, disons que toute vie vient de Dieu et doit y retourner en son temps. La vie est à la fois précieuse, sacrée et fragile. Les enfants qui naissent de l’acte conjugal, voulu par Dieu à travers le mariage, sont le fruit de l’amour des parents. La vie qui en surgit, pour se maintenir, croître et pour répondre à sa vocation qui est de porter des fruits qui plaisent à Dieu et servent au bien de l’humanité, a besoin d’être prise en charge, d’être soignée. Cela appelle une éducation complète et responsable. Mais pour le faire et l’accomplir convenablement, les parents doivent se comporter en vrai modèles pour leur progéniture. Marie France le recommande vivement dans son œuvre suscitée : « une initiative bien faite, c’est un atout ; mais un bel exemple constamment donné, c’est un atout maître ». Aux parents de jouer.

                                                                                           Abbé Marc Boima KOLANI