surgeetambula Marc KOLANI

Homélie du mardi, 22 janvier 2013

Dieu bénit le 7^ème jour et il en fit un jour saint, parce que ce jour-là Dieu s’était arrêté de travailler, après toute cette création qu’il avait faite (Gn 2,3).Ce verset biblique que nous retrouvons dans le livre de la Genèse est la source scripturaire du 3^ème commandement du décalogue : Souviens-toi du jour du sabbat et sanctifie-le (Ex 20,8).  Ainsi, le sabbat a été institué par Dieu. Dieu l’a voulu et établi avec pour finalité qu’il soit une bénédiction pour l’homme. Pour répondre à sa vocation, il doit être au service de l’homme. Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat.

Mais, comment le sabbat sert-il l’homme ?

Sur le plan spirituel, le sabbat appelle à faire abstraction de toute occupation qui pourrait nous empêcher de rencontrer le Seigneur dans la prière et le recueillement. Sur le plan psychique, il permet de mettre en pratique cette recommandation de Jésus de cesser de se préoccuper du lendemain. Sur la plan physiologique, il permet à notre corps de souffler, de respirer, de se recharger d’énergie. Sur le plan social, il permet de croiser les réseaux de relation, comme nous le faisons en Eglise. Un tel jour autorise des rendez-vous sociaux marqués par la gratuité et l’ouverture aux autres. Sur le plan théologique, le sabbat a deux fonctions : une fonction créatrice parce que le sabbat nous situe dans un mouvement de création par le travail quotidien. Et une fonction libératrice en ce sens que le sabbat participe à notre liberté. Qu’il nous suffise d’insister seulement sur la fonction libératrice du sabbat.

Dans le concret de notre vie, en quoi le sabbat contribue-t-il à notre liberté ?

Le sabbat devrait normalement nous aider à rester libres en nous permettant d’évaluer nos dépendances et de mesurer nos accoutumances. La rupture que nous inflige un sabbat respecté soigneusement nous permet de constater très rapidement ce à quoi nous sommes accrocs. Pour faire le lien avec la dimension créatrice : pouvons-nous tenir une journée sans travailler ? Dans un autre registre, sommes-nous en mesure de passer une journée sans regarder les feuilletons à la télé, sans suivre quelques épisodes de série sur notre ordinateur etc. ? Sans consulter nos courriers électroniques et les réseaux sociaux, sans notre téléphone portable ? Et si nous allons au-delà de la lettre du sabbat pour lui donner toute son ampleur… pouvons-nous tenir une journée sans café, sans alcool, sans remarque désobligeante? Il nous en souvient encore, pendant le cours d’ontologie avec le Rév. Père Matthieu B., nous ne cessions de répéter cette formule : Il faut savoir s’arrêter. Et le sabbat nous en donne l’occasion. Oui, mes frères, sachons nous arrêter. Mais alors, comment s’arrêter ?

Ce qu’il faut faire : Au regard de ce qui se vit ici comme ailleurs, on peut légitimement se poser la question de savoir si le sabbat est fait pour l’homme ou l’homme pour le sabbat ? Dans notre pays, la loi est faite pour le Togolais ou le Togolais pour la loi ? Au séminaire Jean Paul II, le règlement intérieur est fait pour le séminariste ou le séminariste pour le règlement intérieur ? Si nous avons compris la mise au point de Jésus à savoir : Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, gardons-nous donc de vouloir inverser l’énoncé. Dieu bénit le 7^ème jour et en fit un jour saint. En tout cas, dans le sens large du terme, le sabbat du séminariste est saint: nos sacrées heures de récréations, nos saintes visites et nos sacro-saintes sorties. Puissions-nous en jouir avec responsabilité. Ainsi, personne, ni nous-mêmes ni nos formateurs, ne s’inquiétera de la joie que ces moments nous procurent, joie qui se fait ressentir dans la manière de chanter les vêpres des jours d’incidence.

Prions: Seigneur Dieu, libère-nous de toutes les aliénations qui brident notre vie et qui nous rendent esclaves. Fais-nous prendre conscience que parfois ce sont nos possessions qui nous possèdent; qu’il y a des contraintes de la vie de chaque jour qui nous tiennent lieu de pain quotidien. Aide-nous à faire le tri et à nous séparer des encombrants. Ainsi, nous jouirons pleinement de ce sabbat que tu as toi-même institué pour nous libérer de ce qui nous rend prisonniers, de ce qui nous tient captifs. Amen !