surgeetambula Marc KOLANI

Qui est le prêtre?

QUI EST LE PRÊTRE ?

De nos jours, face à la recherche effrénée des biens matériels,  à l’anticléricalisme et à la crise des vocations sacerdotales dans les pays du Nord, s’engager comme prêtre semble relever du ridicule, de la fuite de responsabilité et du c’est-parce que-je-n’ai- pas-trouvé-mieux-à-faire. En fait, qui est le prêtre ? Quelle est son importance dans l’Eglise ?

Le prêtre dans sa fonction

Le mot prêtre vient du grec πρεσβύτερος, qui signifie « ancien » (1). Dans l’Eglise catholique, on parle du sacerdoce baptismal et du sacerdoce ministériel. Le sacerdoce baptismal, comme son nom l’indique, est celui qui est conféré à tout chrétien au baptême. En effet, ce sacrement fait de celui qui le reçoit prêtre, roi et prophète. Le sacerdoce ministériel quant à lui, se reçoit au moment de l’ordination par l'imposition des mains de l'évêque. Le sacrement de l’ordre confère au prêtre un don spécifique afin qu’il aide le peuple de Dieu à exercer fidèlement et pleinement le sacerdoce commun qui lui est confié (2). La mission du prêtre est de « rendre présent » le Christ à travers les sacrements, de proclamer la Parole de Dieu, et d’accueillir ou guider toute personne qui s'adresse à lui. Depuis la réforme grégorienne, les prêtres prennent l'engagement de vivre la chasteté dans le célibat, l’obéissance à leur évêque et leurs successeurs, et la pauvreté évangélique.

Le prêtre, un homme mis à part, mais solidaire aux autres

Le prêtre est mis à part au sein du peuple de Dieu, par sa vocation et son ordination. Mais, en fait, ce n'est pas pour être séparé de ce peuple ; au contraire, cet état lui permet de mieux se consacrer à l'œuvre à laquelle le Seigneur l’appelle. Il ne pourrait être ministre du Christ s'il n'était témoin et dispensateur d'une vie autre que la vie terrestre. Mais il ne serait pas non plus capable de servir les hommes s'il restait étranger à leur existence et à leurs conditions de vie.  C’est bien ce que dit le Concile au sujet des prêtres : « Pris du milieu des hommes et établis en faveur des hommes, dans leurs relations avec Dieu, afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés, les prêtres vivent avec les autres hommes comme avec des frères » (3).

Le prêtre est alors un homme entouré de tous, mais toujours seul. Pour arriver à vivre cette réalité fondamentale de sa vocation, il se doit avoir certaines qualités, celles qu’on apprécie à juste titre dans les relations humaines : « Tout ce qu’il y a de vrai, d’honorable, tout ce qui est juste, pur, digne d’être aimé, tout ce qui est vertueux et digne d’éloges, faites-en l’objet de vos pensées » (cf. Ph 4, 8).

Le prêtre, un ministre pas à la manière du monde.

Le prêtre est un ministre. Dans le langage courant, le ministre est une personne de pouvoir. La réalité du ministère du prêtre est – ou devrait être – le service : service de Dieu et des hommes. C’est dans le service qu’il est ministre, ministre de la Parole de Dieu et des sacrements. Il l’est aussi en tant que chef du Peuple de Dieu.

En ce qui concerne la Parole de Dieu : « Les prêtres ont pour première fonction d’annoncer l’Evangile de Dieu à tous les hommes » (4). Par l’Esprit Saint, la Parole de Dieu vit, agit et transforme les hommes et leur histoire. C’est pourquoi elle est inséparable de la Tradition portée par l’Église, et des sacrements qui sont les canaux de la grâce. Écriture et Tradition sont les fondements du magistère de l’Église qui transmet le don de Dieu. La Parole de Dieu, se reçoit. Elle vient d’en-haut. Mais elle exige d’être dite et c’est elle qui commande : « malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » dit l’Apôtre, légitimant ainsi la fonction de « prophétie ». Le prêtre est ce prophète dont l’enseignement se fonde aussi bien sur l’Ecriture que sur la Tradition. Il est celui qui tire du neuf de l’ancien, « Nova et vetera » : renouveau et tradition. Ceux qui reçoivent la Parole de Dieu ont le droit qu’elle soit bien dite, sans ambiguïté ni dissimulation, sans incorrection non plus, car c’est cette Parole, le Verbe incarné qui finalement agit dans les cœurs. « Les fidèles ont droit à l’intégralité de la Parole et à de bonnes traductions ; ils sont aussi droit à une catéchèse qui enseigne ce qu’il faut croire pour adhérer au salut » (5). Et c’est le prêtre qui en est le ministre.

Quant aux sacrements : L’œuvre de sanctification de l’humanité est entreprise par le Dieu de toute sainteté. Par le ministère de l’Evêque, Dieu consacre des prêtres pour les rendre participants de manière spéciale au sacerdoce du Christ. C’est ainsi qu’ils baptisent pour faire des hommes, le peuple de Dieu, puis réconcilient les pécheurs avec Dieu et avec l’Eglise dans le sacrement de pénitence. Par l’onction des malades, ils soulagent ceux qui souffrent. Ils actualisent enfin le sacrifice du Christ à travers l’Eucharistie qui est « la source et le sommet de toute l’Evangélisation » (6). Ainsi, le prêtre est irremplaçable.

Chef du peuple de Dieu : Exerçant la fonction du Christ Tête et Pasteur, le prêtre réunit au nom de l’évêque, le peuple de Dieu et le conduit vers Dieu le Père. Dans l’œuvre de la construction de la communauté chrétienne, il fait preuve d’une grande humanité en consacrant ses forces à la croissance spirituelle du Corps du Christ. Comme éducateur de la foi, il veille à ce que chaque chrétien parvienne à sa maturité chrétienne dans la pratique de la charité et la recherche de sa vocation personnelle selon l’Evangile. Pour y arriver, le prêtre doit avoir le souci de former une authentique communauté chrétienne. Cette communauté, à son tour, doit se montrer  attentive aux catéchumènes, aux nouveaux baptisés et les former à la pratique de la vie chrétienne. Le prêtre doit aussi accorder son attention à tous, dans l’intérêt de toute l’Eglise. « Le prêtre a donc un rôle particulier dans la transmission de la vie divine qu’est la grâce : annoncer l’Évangile et administrer les Sacrements » (7). En cela, il est un Père.

Le prêtre, célibataire, mais père d’une multitude

« Etre père, c’est à la fois donner et promouvoir la vie » (8). Le prêtre renonce à la parenté physique pour une parenté plus grande, une parenté universelle. Comme Abraham (cf. Gn 18, 21 et 25), il est un père d’une multitude. Voilà une vérité qui donne sens au célibat du prêtre. Ainsi, la chasteté dans le célibat n’est pas une promesse de stérilité. Il s’agit plutôt d’un célibat de fécondité, car le prêtre a mission d’engendrer beaucoup d’enfants, de produire beaucoup de fruits spirituels qui demeurent. Le sacerdoce est donc une vocation à une paternité universelle. En cela, l’identité du prêtre constitue tout un paradoxe. C’est donc à juste titre que s’écriait un évêque : « Eternel paradoxe du prêtre, il porte en lui les contraires ».

Le paradoxe du prêtre

Le prêtre concilie, au prix de sa vie, la fidélité à Dieu et la fidélité à l'homme. Il a l'air pauvre et sans force. Et de fait, il n'y a rien de plus faible qu'un prêtre. Il n'a en mains ni les moyens politiques, ni les ressources financières, ni la force des armes dont les autres se servent pour conquérir la terre. Sa force à lui, c'est d'être désarmé et de « pouvoir tout en celui qui le fortifie » (Ph 4,13). (9)

Le prêtre est un homme pris parmi les hommes et ordonné pour le salut de tous. Voilà son identité, voilà sa mission. Puisqu’il n’est pas un surhomme, le devoir des fidèles laïcs est de le recevoir et de prier pour lui. Hommage aux prêtres parce que leur paternité ne cesse d’enfanter l’Eglise dans le Seigneur.

 

 

 

Notes


1-                 Cf. Le dictionnaire Le Grand Robert de la langue française, éd. Le Robert / SEJER, Paris, 2005.

2-                 Sébastien MUYENGO MULOMBE, Le sacerdoce, chemin de non-retour, éd. Médiaspaul, kinshasa, 2008.

3-                 Presbyterorum Ordinis, n° 3.

4-                 Idem, n° 4.

5-                 www.aiderprêtres.fr, « Le prêtre : qui est-il pour nous ? », par M. Bonnichon, consulté ce vendredi, 03 mai 2013, à 9h 32.

6-                 PO, n° 5.

7-                 www.aiderprêtres.fr, op. cit.

8-                 Sébastien MUYENGO MULOMBE, op. cit.

9-                 Cet ancien poème retrouvé à Strasbourg peint le mieux l’identité du prêtre dont la vie réunit les contraires : Un prêtre doit être :

A la fois grand et petit / Noble d’esprit comme de sang royal / Simple et naturel comme de souche paysanne / Un héros dans la conquête de soi / Un homme qui s’est battu avec Dieu / Une source de sanctification / Un pécheur pardonné / De ses désirs le maître / Un serviteur pour les timides et les faibles / Qui ne s’abaisse pas devant les puissants / Mais se courbe devant les pauvres / Disciple de son Seigneur / Chef de son troupeau / Un mendiant aux mains largement ouvertes / Un porteur de dons innombrables / Un homme sur le champ de bataille / Une mère pour réconforter les malades / Avec la sagesse de l’âge, et la confiance de l’enfant / Tendu vers le haut, les pieds sur la terre / Fait pour la joie / Connaissant la souffrance / Loin de toute envie / Clairvoyant / Parlant avec franchise, Un ami de la paix / Un ennemi de l’inertie / Constant à jamais /… Si différent de moi !

 

Bibliographie

Documents du Concile Vatican II, Constitutions, Décrets et Déclarations, éd. Saint-Augustin Afrique, Lomé, 2000.

MUYENGO MULOMBE Sébastien, Le sacerdoce, chemin de  non-retour, éd. Médiaspaul, Kinshasa, 2008.

Le dictionnaire Le Grand Robert de la langue française, éd. Le Robert / SEJER, Paris, 2005.

Webographie

www.aiderprêtres.fr

 

Abbé Marc  KOLANI



19/06/2013
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