surgeetambula Marc KOLANI

Trois événements, trois méditations

Il s'agit de mes homélies des congés de Noël pendant que j'étais à Mandouri. L'auditoire est en majorité composé de paysans. Le fond et la forme de mes propos tentent de s'y adapter tant bien que mal.


Dimanche, 30 décembre 2012 fête de la sainte famille année C

La richesse de l’Évangile que venons d’écouter est tel que nous pouvons y voir un grenier, un grenier débordant de thèmes : la famille, l’enfance, l’éducation, la soumission à Dieu etc. Il est certes vrai que ces thèmes s’appellent et s’interpellent et donc s’imbriquent, mais je voudrais axer notre méditation sur l’enfance en vu d’en relever les implications pour nous dans le quotidien de notre vie (familiale).

 

Je situe l’enfance de Jésus dans cette tranche d’âge qu’on nomme à raison la vie cachée de Jésus : 0-30 ans. Nous le savons tous, peut-être sans en être tous conscients que les évangiles ne disent pas grand-chose sur la vie qu’a menée Jésus avant 30 ans. Saint Luc qui est sensé être le théologien de l’enfance de Jésus nous en brosse tout le contenu en deux scènes : la présentation qui eut lieu au quarantième jour après la nativité et le recouvrement au temple à 12ans. Après cet épisode, il nous plonge de plain-pied dans le ministère public de Jésus qui commence à 30 ans. Qu’a donc fait Jésus pendant ces 18 ans de silence ? Est-il resté oisif ? L’avant dernier verset de la page évangélique répond parfaitement à la question. Luc dit en effet « il descendit avec eux à Nazareth et leur était soumis ». "Il" c’est bien Jésus. Et "eux", ceux sont ses parents, Marie et Joseph.

 

 « Il leur était soumis » : Qu’est-ce à dire ? Un clin d’œil sur la culture juive nous enseigne que chez les Juifs de l’époque de Jésus les fonctions étaient familiales et peut être en exagérant un peu "héréditaires". Il y avait entre autres des familles de forgerons, celles de pêcheurs, des cultivateurs, de menuisiers dont était issu Joseph, et donc Jésus aussi. Et tout enfant devant faire le travail de son père, ce fut normal que Jésus travaillât du bois. Jésus était donc menuisier. C’est pourquoi dans certains films de la vie de Jésus, nous le voyons travaillant dans son atelier de menuiserie. Les écrits apocryphes en disent long. Voilà l’un des sens de « il leur était soumis ». Cela nous renvoie aussi à la liberté responsable de Jésus. Que Jésus soit perdu trois jours durant indique que ses parents lui laissaient beaucoup de liberté et ne le soumettaient pas, outre mesure, à des contraintes particulières. Sans doute une telle confiance naquit de la responsabilité et de la délicatesse avec lesquelles Jésus gérait son existence hors du cadre familial. La preuve de Luc est suffisamment prouvant. Ses parents ne l’ont pas trouvé dans une boîte de nuit ni sur une table d’un jeu de hasard, ni encore dans une bande de pic-poquet, mais au temple. Quelle joie pour les parents de savoir qu’ils peuvent faire confiance à leurs enfants? Quelle joie pour les parents de savoir que leurs enfants ne trouvent pas dans l’absence parentale une occasion de fugue mais bien un temps de s’occuper utilement ? Quelle joie pour eux de savoir que leurs enfants savent gérer leur liberté. Telle a été l’ambiance dans laquelle la sainte famille qui nous est donnée en modèle a vécu à Nazareth.

 

L’atmosphère familiale de Jésus, Marie et Joseph nous interpelle à plus d’un titre, nous hommes, femmes, jeunes, parents et enfants d’aujourd’hui. Osons faire une introspection sur l’ambiance familiale de nos maisons respectives. Y a-t-il de la joie, de la compréhension et de l’amour dans nos familles ou dans nos familles servent-elles de cadres au scénario du chat et des souris, lequel scénario range la femme et les enfants d’un côté pour laisser le père régner en maître absolu ? Les enfants sont-ils soumis à leurs parents, leur obéissent-ils ou sont-ils brigands, voyous, abordant les gens avec une impolitesse notoire ? Les parents forment-ils leurs enfants à l’amour du travail bien fait ou sont-ils toujours partis ? ou se livrent-ils dans une paresse  caractérisée qu’ils soutiennent et entretiennent à longueur de journée sous les pots de tchakpalo et de sodabi ? En tout cas, à la lumière de l’enfance de Jésus dans la sainte famille, la voie est tracée pour tous, parents comme enfants. Un climat de confiance  mutuelle entre parents et enfants, telle doit être la norme d’une bonne éducation familiale. Tout cela pour être effectif a besoin de l’abandon à Dieu et la soumission à ses commandements. Et c’est à cette seule condition que tous, parents et enfants, nous nous reconnaîtrons enfants de Dieu comme le dit Saint Jean et aurons part à son royaume de paix, de joie et d’amour.

 

Puisque la saint famille que l’Eglise donne comme modèle à nos famille respectives nous y aider efficacement. Amen !

 

 

31 décembre : Bilan de l’année


Il s’agit de faire un examen de conscience par rapport à notre relation avec nous-mêmes, avec nos frères et avec Dieu. Il s’agit d’en relever les points positifs et d’en rendre grâce à Dieu ; d’en relever les points négatifs et demander le pardon de Dieu. Il s’agit de prendre de nouvelles résolutions positives et constructives pour la nouvelle année. Quelle vie ai-je menée, quel témoignage ai-je rendu en 2012 en tant que chrétien, parent, enfant, fonctionnaire, agriculteur, élève ou étudiant, commerçant ou artisan ? Quelle vie ai-je menée ? Moi chrétien, ai-je été lumière et sel pour mes frères et sœurs ou ai-je été un objet de scandale par mes contre-témoignages ? Vous êtes la lumière du monde et sel de la terre. Nous sommes des fils et filles de lumière ou trouvons-nous notre joie dans les ténèbres ? N’est ce pas que le Seigneur a dit : c’est à l’amour que vous avez les uns pour les autres que l’on vous reconnaitra mes disciples.

 

L’opposé, le contraire de l’amour c’est la haine. La haine a pour conséquences  la jalousie, l’envie, la diffamation, le mensonge, la criminalité, le vol, le viol etc. Tous ces vices éloignent de la lumière du Christ, et fait de l’homme un suppôt du menteur, du maître du mensonge, de Satan. Une fois sous la tutelle de Satan, toutes les vertus chrétiennes  s’envolent par la fenêtre et consciemment ou inconsciemment, on devient ennemi de l’Église et de son Christ. Alors on se laisse aller au syncrétisme, à la duplicité, à la complicité avec le diable. Ces chrétiens, Saint Jean les appelle les anti-Christ : ils consultent les devins et les charlatans, ils passent pour les maîtres de cérémonie dans les rites de veuvage, ils sont les premiers à y entonner des airs sataniques (i walyann), ils fréquentent les loges des sorciers et les sorcières. Mon frère, ma sœur, avec le Christ, nous sommes à même de mettre fin à tous ces contre-témoignages. Rappelons-nous que rien n’est impossible à Dieu. Osons oser avec le Christ, optons pour la vertu, pour le positif, c’est la voie du bonheur et de la joie éternelle.

 

Moi élève, moi étudiant, ai-je conscience que c’est le moment propice de préparer ma vie future. Est-ce que j’aime les études ? Suis-je poli et respectueux envers mes parents, mes éducateurs ? Suis-je ouvert aux autres ? Est-ce que j’aime les travaux en équipe ou de groupe ou suis-je paresseux, rebelle, voyou, tricheur, éternel retardataire et absentéiste, considérant les études comme un poids, un fardeau, ou pire encore un simple passe temps ? Tiens-toi bien, celui qui a suffisamment engrangé  au moment opportun ne saura être basculé jusqu’au ridicule quelles que soient les épreuves qui surgiront dans sa vie. Tiens-toi bien, de plus en plus, les postes professionnels et les promotions se méritent, et ce, à la mesure de la compétence et du niveau d’étude des postulants. Mon frère, ma sœur, prend la décision ici et maintenant d’aimer les études, d’être discipliné et de bien préparer ainsi ta future carrière.

 

Et toi cultivateur, éleveur, artisan, peut être connais-tu la fameuse fable de Jean de la Fontaine intitulée « la cigale et la fourmi » (…..).  "Vous chantiez ? J’en suis fort aise ! Eh bien ! Dansez maintenant". Ce n’est pas le fait de chanter qui nous occupe. Mais nous avons nos manières de chanter : la paresse, les pots de tchakpa et de sodabi, toujours au marché, dans les funérailles. S’il est vrai que le travail donne à l’homme son identité et son importance dans la société, il est davantage vérifié que personne ne saurait opter fondamentalement être la risée des autres, être "ministre des affaires inutiles". Au vin nouveau, outres neuves ; une nouvelle année, une nouvelle vie. Au seul de cette nouvelle année, demandons la grâce d’un changement efficace, d’un retournement résolu, d’une conversion sincère.

 

Moi je suis fonctionnaire : fonctionnaire du secteur public, du secteur privé, du confessionnel, qu’est-ce que je fais de la conscience professionnelle ? Je travaille pour le développement durable et intégral de mon pays ou ce sont seuls mes intérêts qui me guident et me servent de boussole ? Suis-je régulier et ponctuel au service ou j’y vais quand et comme je veux ? Est-ce qu’au-delà de ma vie professionnelle, je trouve du temps pour Dieu ? Mon frère, quelle relation as-tu avec ta communauté chrétienne ? Participes-tu activement et de façon consciente aux activités communautaires ? Quel est ton engagement personnel ? Notre communauté a encore besoin de choristes, de lecteurs, de catéchistes bénévoles, d’animateurs et de responsables de groupes de prière et d’associations. Mon frère, ma sœur si tu hésitais encore, c’est le moment de te décider, d’oser oser avec le Christ. Même si tu ne peux rien de tout cela, je crois que tu peux tout de même te montrer généreux et charitable en accomplissant ce devoir commun qui est l’entretien de l’Église et de la cour paroissiale.

 

Es-tu dans un groupe de groupe de prière ? Participes-tu aux réunions de CCB ? Rends-tu visite aux malades ? Pratiques-tu la charité ne serait-ce qu’à la mesure de tes moyens ? Saint Paul nous dit que l’Église est un corps. Et nous en sommes les membres, le Christ étant la tête. Chacun a l’impérieux devoir de jouer le rôle qui lui incombe pour l’harmonie du fonctionnement de ce corps. Que la tête joue son rôle de coordination, les pieds……

 

Bonne et heureuse année 2013 à tous et à chacun. Santé et paix intérieure à tous !

 

 

1er Janvier : Saint Marie Mère de Dieu


A la messe de minuit, l’Abbé Dieudonné DOUTI, dans son homélie a suffisamment insisté sur la paix et sur la place de Marie dans l’histoire du salut. Je ne voudrais plus revenir sur ce qui a été dit au risque d’ennuyer ceux pour qui ce serait des redites. Permettez cependant, qu’en ce jour où nous prions pour la paix dans le monde, j’en fasse un petit résumé pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’écouter cet "enseignement" sur la paix.

Nous sommes dans l’année de la Foi. Et si la foi marche toujours aux côtés des autres vertus théologales que sont l’espérance et la charité, elle a cette particularité qu’elle rime avec la paix. Celui qui a la foi n’a plus à s’inquiéter quant à l’acquisition de la paix car, Jésus en qui nous croyons est bien le prince de la paix. En cela, la paix n’est pas un concept mais une personne. Mais si Jésus, le prince de la paix est en nous, nous devons le faire manifester aux autres en portant la paix là où il y a la discorde et la guerre. En cela la paix est un comportement selon le mot de l’évêque anglican, le sud africain Desmond TUTU. Voilà en quelques mots ce qui a été dit de la paix, il y a quelques heures.

 

Pour ma part je voudrais mettre l’accent sur la maternité divine de Marie, je voudrais insister sur le sens de la fête de ce jour, Marie, Mère de Dieu. Disons d’entrée en jeu que c’est à la suite de grandes querelles théologiques que l’Église aussi bien en Orient qu’en Occident, a déclaré solennellement cette appellation en 431 pour la piété des fidèles (Éphèse, 431). Aujourd’hui encore demeurent des controverses sur ce titre donné à Marie, Mère de Dieu. Tout le monde, chrétiens, musulmans ou païens, tout le monde est unanime à reconnaitre que Marie est la mère de Jésus ; puisque les saintes écritures en parlent abondamment et l’histoire, même profane le confirme. C’est la maternité divine de Marie qui est sinon récusée, du moins non comprise.

Avec ceux qui renient la divinité de Jésus, il vaudrait peut-être mieux faire trêve de discussion sur la question. Mais si nous partons du consensus que Jésus est le fils de Dieu et par conséquent Dieu lui-aussi, la logique est claire. Ainsi c’est parce que Marie a mis au monde Jésus qui est le Fils de Dieu, et logiquement Dieu lui-même qu’elle est appelée Mère de Dieu. Cette maternité ne concerne donc pas la Saint Trinité parce que ni le Père, ni l’Esprit Saint n’ont été engendrés, sinon le Fils. La Sainte Trinité est éternelle, hors du temps et ne saurait donc être sujette aux réceptacles du monde fini qui sont l’espace et le temps. Mais, le mystère divin a voulu que Marie engendre le Fils. L’engendrement du Fils n’a aucune répercussion, de quelque qualité que ce soit sur la Trinité Sainte, mais il est salutaire pour les hommes qui en sont devenus fils de Dieu. Ayant mis au monde celui qui s’est fait notre frère, Marie est aussi notre mère. Elle est du coup la mère de l’Église dont le Christ est la tête et nous, les membres. Elle est notre modèle dans l’écoute de la parole de Dieu et sa mise en pratique. L’Église la reconnait associée à l’œuvre de rédemption accomplie par le Christ. C’est pourquoi dans l’Ave Maria nous osons l’invoquer en ces termes: "Sainte Marie, Mère de Dieu priez pour nous…." Oui, Marie occupe une place de choix dans la réalisation du mystère du Salut. Si son intercession n’est pas "indispensable" au salut, elle constitue une porte qui conduit sans détour au fils. A Jésus par Marie, disait Saint Louis –Marie Grignon de Montfort, plus rein à craindre des terreurs de ce monde ni des assauts de l’ennemi.

 

Au seuil de cette nouvelle année, demandons à cette Mère aimable de nous aider à construire chacun dans son cœur un temple à Dieu, un temple dont la fondation sera la foi, les briques l’amour, le toit la paix et la peinture la joie. Qu’en cette année, nous soyons vraiment temples de Dieu et que cela se fasse ressentir dans nos actions, nos paroles. Qu’il en soit ainsi pour Chacun de nous. Amen !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



02/02/2013
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